Neil Armstrong
Premier homme à avoir marché sur la Lune, il y a quarante ans.
Le 20 juillet 1969, il a été le premier homme à poser le pied sur la Lune. Depuis, Neil Armstrong, qui fêtera ses 79 ans le 30 août, est une légende vivante, l’homme qui triompha de l’ours soviétique dans la course aux étoiles, au temps de la guerre froide. Ingrats, de nombreux Américains voient pourtant en lui une sorte d’antihéros. Sans doute parce que, se souciant comme d’une guigne de sa communication, il fuit les journalistes comme la peste. Depuis son exploit et l’accès de fièvre planétaire qui s’est ensuivi, Armstrong s’astreint à la discrétion. Il a certes fini par autoriser la parution d’une biographie, mais c’était en 2005, trente-six ans après son odyssée lunaire ! Lors de ses rares apparitions médiatiques, nulle trace de lyrisme. Il ânonne ses propos comme s’il présentait un rapport technique devant ses confrères de la Nasa. Le grand public a fini par se lasser.
Star absolue, il peut se promener dans n’importe quelle ville de la Terre – sur la Lune, on ne sait pas – sans risque d’être reconnu. Il y a à cela une raison simple : les images qui circulent depuis quarante ans sont celles de Buzz Aldrin, son compagnon d’Apollo 11, le deuxième homme à s’être ébattu dans la mer de la Tranquillité. Car c’est Neil Armstrong qui tenait la caméra. Et comme il protège farouchement sa vie privée et s’est toujours gardé des mondanités…
Son refus de se mettre en avant n’est pas le fruit d’un calcul. La gloire de son exploit, il tient à la faire rejaillir sur les centaines de milliers de personnes qui participèrent au projet Apollo. Une machine incroyablement complexe.
Dans son n° 448 (5-11 août 1969), Jeune Afrique avait consacré à l’expédition un dossier spécial. On y apprend que, lancée par une fusée Saturne, la capsule Apollo était constituée de 7 millions de pièces détachées, produites par quelque 20 000 entreprises. Dans l’une de ses rares interviews, Armstrong révèle la clé de la réussite du projet Apollo : « Chaque gars devant son plan de travail, chaque assembleur, chaque inspecteur, chaque testeur, chaque manipulateur d’outils ou de clés dynamométriques, homme ou femme, s’est dit que si quelque chose devait se détraquer, ce ne serait pas à cause de lui. Parce qu’il aura fait tout ce qui est nécessaire, et même davantage, sur la pièce dont il est chargé. »
Autre trait de caractère qui exaspère nombre d’Américains : le désintéressement d’Armstrong. Jamais il n’a cherché à tirer profit de sa formidable renommée. Deux ans après son exploit, il quitte la Nasa. Les plus prestigieuses universités américaines lui font des offres mirobolantes, qu’il décline, préférant rejoindre la modeste université de son Ohio natal. Et il ne cache pas son agacement quand il découvre son effigie au fronton de quelque bâtiment officiel. En 1979, à l’occasion du dixième anniversaire du premier « Moonwalk », son unique expérience publicitaire – un spot pour le constructeur automobile Chrysler – tourne court. L’utilisation abusive de son nom à des fins commerciales le révulse.
Un jour, son coiffeur a la mauvaise idée de conserver une mèche de ses cheveux pour la revendre sur Internet. L’opération lui rapporte environ 3 000 dollars. Armstrong lui intente un procès, exige la restitution de la mèche ou, à défaut, le versement de la somme à une organisation de bienfaisance. Dans l’incapacité de récupérer la mèche, l’indélicat barbier sera contraint de faire un don à un orphelinat de l’Ohio…
S’agissant de sa célèbre formule, « un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité », l’astronaute jure qu’elle ne lui a pas été dictée par le service de communication de la Nasa, mais qu’elle est le produit de sa propre réflexion.
Quarante ans après son expédition lunaire, Neil Armstrong retrouve, sans doute à contrecœur, les feux de la rampe. Reçu à la Maison Blanche par Barack Obama, il a paraphrasé le slogan de campagne de ce dernier, « Yes We Can », pour inciter la classe politique à ne pas sacrifier les programmes spatiaux. Si l’homme a fini par marcher sur la Lune, l’objectif reste, selon lui, de se dégourdir un jour les jambes sur Mars.
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