Palestine: Darwich vivant

Enregistrement sonore, anthologie, journal intime… Un an après la mort du poète palestinien, les publications posthumes se multiplient.

Publié le 21 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

« Les vrais poètes ne meurent jamais », aimait dire le Palestinien Mahmoud Darwich. Auteur d’une vingtaine de recueils, traduits dans autant de langues, célébré dans tout le monde arabe, où ses livres se sont vendus à des millions d’exemplaires, il fut la voix de la résistance palestinienne. Même si sa poésie ne se réduit pas à sa composante patriotique.

Disparu il y a bientôt un an (à Houston, le 9 août 2008) des suites d’une opération chirurgicale, l’auteur du Lit de l’étrangère et de Murale, considérés comme ses recueils les plus réussis, n’est pas mort. Il survit dans le cœur de ses admirateurs, qui continuent de psalmodier ses poèmes. Comme celui que le jeune Darwich composa à l’adresse de sa mère lors de son premier séjour en prison, en 1961 : « Je me languis du pain de ma mère… »

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Les publications posthumes de son œuvre, dont le coffret audio1, accompagné d’un livret de 38 pages, qui restitue l’émouvant récital qu’il avait donné à Paris, au Théâtre de l’Europe, en 2007, font réentendre sa voix grave et chaleureuse, rythmée par le luth des frères Joubran. Issu d’une tradition millénaire où la poésie se confond avec le chant, Darwich considérait la déclamation comme le prolongement de l’écriture. Ses nombreux récitals à travers le monde arabe (Damas, Beyrouth, Le Caire, Tunis, Amman, Ramallah) ressemblaient à des concerts de rock par l’affluence et l’enthousiasme qu’ils suscitaient. Chaque lecture, vibrante d’émotion, était acclamée par des auditeurs extasiés.

D’amour et de bonheur

Le succès de Darwich tient au fait qu’il a su intéresser son public également à ses quêtes personnelles d’amour et de bonheur, à ses interrogations sur la mort, à ses explorations du mythe et de l’Histoire. Ces thématiques émergent notamment dans les recueils publiés à partir des années 1990. L’Anthologie poétique2, qui vient de paraître chez Actes Sud, réunit une trentaine de poèmes de cette période où l’individuel se mêle au collectif, l’épique au lyrique et au métaphysique. La Palestine devient désormais la métaphore de la condition humaine.

Le journal intime de Mahmoud Darwich, publié en mars, s’inscrit dans une quête similaire de la parole et de la sensibilité universelle. Composé d’une centaine de textes brefs rédigés au fil des jours, en prose et en vers libres, La Trace du papillon3 raconte le temps qui passe, l’exil intérieur, la nostalgie, l’inquiétude de l’inachèvement. La mort est omniprésente dans ces pages, même si le poète sait dans son for intérieur, comme il l’a écrit dans l’un de ses plus beaux poèmes, que « Nul n’est tout à fait mort. Il n’y a que les âmes / Qui changent d’apparence et de résidence ». 

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1. Récital Mahmoud Darwich, CD, Actes Sud/Odéon – Théâtre de l’Europe/France Culture, Harmonia Mundi.

2. Anthologie poétique (1992-2005), Mahmoud Darwich, Actes Sud, coll. « Babel », 320 pages, 8,50 euros.

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3. La Trace du papillon. Pages d’un journal (été 2006-été 2007), de Mahmoud Darwich, Actes Sud, 192 pages, 20 euros.

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