La promesse Amaouche

Grand prix de la Semaine de la critique à Cannes, Adieu Gary sort en salles, en France, le 22 juillet. Son réalisateur, le Franco-Algérien Nassim Amaouche, signe là un premier film très original.

Renaud de Rochebrune

Publié le 21 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est dans une soixantaine de salles que sera projeté en France à partir du 22 juillet Adieu Gary, du Franco-Algérien Nassim Amaouche. Une sortie modeste si on la compare à celle des productions hollywoodiennes qui monopolisent les écrans par centaines, mais qui est plus qu’honorable pour un premier film très original, se situant entre drame social et allégorie de western contemporain.

Cette exposition presque « grand public » s’explique très simplement : Adieu Gary a obtenu le grand prix de la Semaine de la critique du Festival de Cannes 2009. Sans surprise, puisque cette chronique mi-amère mi-humoristique traitant non sans poésie de la vie quotidienne dans la vallée du Rhône de quelques « accidentés » de la crise économique avait été fort bien accueillie. Cette récompense a une vraie valeur. Parmi ses lauréats passés, on compte, par exemple, des cinéastes aussi importants que le Mexicain Alejandro González Iñárritu, l’auteur d’Amours chiennes (2000), ou le Français Gaspar Noé, primé pour Seul contre tous (1998), tous deux revenus par la suite concourir pour la Palme d’or.

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Lors de son succès cannois, Nassim Amaouche ne semblait pas enivré par sa bonne fortune. Est-ce en raison d’une réserve naturelle ? Toujours est-il qu’il paraissait très détaché par rapport à l’événement, complètement indifférent aux paillettes, répondant aux questions avec un humour distancié, préférant l’understatement (« minimisation »), aux affirmations péremptoires pour évoquer son parcours et la portée de son premier long-métrage. 

Extrême gauche

Une posture qui paraît d’autant moins affectée qu’elle correspond à ce que son film donne à voir. Dans une atmosphère quelque peu désenchantée, mélancolique parfois, Adieu Gary évoque la vie d’une petite communauté – constituée pour une bonne part de familles d’origine maghrébine – qui a décidé de rester sur le site d’une usine fermée depuis plusieurs mois en Ardèche. Avec pour « héros » principal – si l’on peut dire tant le décor fantomatique de la cité ouvrière et les personnages secondaires hauts en couleur donnent de l’intérêt au film –, Samir, un jeune qui sort de prison après avoir fait quelques « bêtises » et qui cherche sa voie. Sûr, au-delà d’un certain sentiment de révolte, d’une seule chose : il refuse, tout en reprenant « le droit chemin », de se résigner au classique « dodo-boulot ». Il veut se sentir libre.

Un amour inconditionnel de la liberté qui suppose un certain combat pour la préserver et que le combatif Nassim Amaouche, qui a milité à l’extrême gauche pour défendre les exclus des « quartiers » lors de son parcours étudiant, dit totalement partager. Il est vrai qu’il a pu rapidement concilier ses désirs personnels et professionnels, puisque, depuis la fin de ses études de sociologie puis de cinéma – à l’origine, il voulait être ingénieur du son –, il a le rare privilège de vivre de son art.

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Remarqué dès son premier court-métrage, intitulé De l’autre côté et évoquant indirectement la difficile construction d’une identité émigrée, il a pu poursuivre son chemin cinématographique grâce à l’appui d’une maison de production. Et le soutien de ceux qui croient à juste titre à son talent, comme Jean-Pierre Bacri, qui a tourné dans Adieu Gary sans demander de cachet. On a toutes les raisons de penser, en effet, que Nassim Amaouche, avec ce film à nul autre pareil, n’est encore qu’à l’orée de sa carrière de cinéaste.

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