Terrorisme : cures de désintoxication
Le 23 janvier, Barack Obama signait, à la satisfaction de l’opinion publique internationale, le décret de fermeture du centre de détention de Guantánamo. Depuis, ses détracteurs l’attendent au tournant, d’autant qu’un récent rapport du Pentagone indique que 74 des 534 personnes libérées de Guantánamo auraient déjà repris du service au sein de réseaux terroristes.
Une fois libres, que deviennent ces djihadistes, endoctrinés pendant des années et que les conditions de détention sur la base cubaine ont parfois radicalisés ? Face à ces questions, l’Union européenne (dont certains pays membres ont déjà accueilli des ex-détenus) et les États-Unis s’intéressent aux programmes de réhabilitation mis en place dans plusieurs pays. L’Arabie saoudite a ouvert en 2007 un centre à quelques kilomètres de Riyad. Les anciens détenus y rencontrent des psychiatres et suivent des cours sur l’islam sous la houlette de cheikhs reconnus. À ce jour, 225 djihadistes ont fréquenté le centre. Toutefois, sur les 120 anciens détenus de Guantánamo qui faisaient partie du lot, 23 sont actuellement recherchés pour des activités terroristes. Deux d’entre eux, qui dirigent actuellement la branche d’Al-Qaïda au Yémen, ont même menacé le centre de représailles dans une vidéo diffusée sur Internet.
C’est bien ce problème de la récidive qui inquiète les gouvernements. Du côté de l’administration américaine, on se veut rassurant, arguant du fait qu’il est impossible d’avoir un taux de réussite de 100 %.
Entre-temps, l’initiative saoudienne a fait école. La Libye, la Malaisie et l’Indonésie se sont dotées de structures de réhabilitation dans leurs centres de détention. À Singapour, en mars, une conférence a réuni plus de 200 experts qui ont débattu des conditions nécessaires à la réinsertion des anciens prisonniers. L’avenir dira si l’on peut se désintoxiquer du terrorisme comme on se désintoxique d’une drogue.
