Chinois en danger

À Pékin comme à Alger, les menaces d’Al-Qaïda au Maghreb islamique sont prises très au sérieux. Mais le dispositif sécuritaire à mettre en place est un casse-tête.

Publié le 21 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Qui l’eût cru ? Les affrontements interethniques suivis d’une opération de « maintien de l’ordre » plutôt musclée (192 morts et plus de 1 700 blessés entre le 5 et le 13 juillet) à Urumqi, capitale de la province du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, pourraient avoir d’inattendus prolongements au Maghreb. Plusieurs forums islamistes ont repris sur le Net un communiqué d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) menaçant de représailles les ressortissants chinois « là où ils se trouvent ». En l’occurrence, sur la terre de prédilection des insurgés salafistes qui s’étend de l’Atlantique aux confins de l’Aïr, au Niger.

Il va de soi que la zone la plus exposée se situe en Algérie. Plus de 80 % des effectifs d’AQMI s’activent dans les maquis de Kabylie, de Tébessa et de la périphérie d’El-Oued, aux portes du Sahara. Autre facteur aggravant le risque pour l’Algérie : ce pays est un chantier à ciel ouvert et les entreprises chinoises ont décroché le jackpot en matière de marchés de réalisation d’infrastructures. On recense, officiellement, près de 25 000 résidents chinois dans ce pays, contre un millier au Maroc et moins de 500 en Tunisie. Dès le 15 juillet, l’ambassade de Chine à Alger a appelé ses ressortissants à la vigilance après « les événements criminels du 5 juillet », formule officielle qu’utilise Pékin pour évoquer la répression qui a frappé la minorité ouïgour, musulmane et turcophone.

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Les autorités algériennes prennent, elles aussi, les menaces très au sérieux. D’autant que, le 17 juin, une embuscade meurtrière (17 gendarmes assassinés et leurs armes dérobées) avait visé un convoi transportant les ouvriers chinois d’un chantier de l’autoroute est-ouest, à El-Mansourah, à 160 kilomètres à l’est d’Alger. Les assaillants avaient épargné les travailleurs asiatiques, ne s’en prenant qu’à l’escorte.

Le dispositif sécuritaire à mettre en place est un vrai casse-tête… chinois. Cette communauté ne se concentre pas dans quelques China Towns faciles à sécuriser. Que ce soit en rase campagne ou dans les cités, l’activité des Chinois nécessite de nombreux déplacements. Sur les chantiers, ils travaillent avec des ouvriers locaux et, au quotidien, se mêlent volontiers à la population. En cette période estivale, ils ont pris l’habitude de fréquenter les plages et font leurs courses dans les marchés populaires. Bref, il sera aussi complexe de protéger les Chinois que de préserver les Algériens. 

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