Saïd Bouziri, une conscience de l’immigration

Installé en France depuis 1966, ce Tunisien s’est battu toute sa vie en faveur des étrangers vivant dans l’Hexagone.

Publié le 21 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Trésorier national de la Ligue des droits de l’homme (LDH), Saïd Bouziri, 62 ans, est décédé à Paris le 23 juin. Peu connu du grand public, ce Tunisien arrivé en France en 1966 a fait partie de cette première génération d’étudiants maghrébins qui ont découvert la réalité de ceux que l’on appelle alors les travailleurs immigrés, vivant en marge de la société et inexistants sur le plan politique. C’est à l’affirmation de cette présence politique que Saïd aura consacré une vie militante d’une richesse rare.

Au début des années 1970, Saïd Bouziri participe à la fondation des Comités Palestine et du Mouvement des travailleurs arabes, puis du Comité de défense de la vie et des droits des travailleurs immigrés. La grève de la faim qu’il mène avec son épouse Faouzia en février 1972 pour protester contre une mesure d’expulsion suscite la sympathie des grands intellectuels français. Titulaire des années durant d’un titre de séjour provisoire renouvelable tous les mois, Saïd Bouziri se lance dans l’organisation de grèves de la faim pour la régularisation, avant d’appeler, en septembre 1973, à une grève générale des immigrés contre les crimes racistes.

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C’est aussi l’époque où Saïd Bouziri et ses compagnons présentent un candidat immigré symbolique à l’élection présidentielle de 1974. Grâce à René Dumont, candidat écologiste, et Alain Krivine, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire, ce discours, hérétique pour l’époque, passe à la télévision.

Durant la seconde moitié des années 1970, Saïd Bouziri milite pour l’essentiel dans le quartier de Paris qu’il a habité jusqu’à son décès, la Goutte d’Or, et participe activement au mouvement de grève des loyers des foyers Sonacotra. Cofondateur des journaux Sans Frontière puis Baraka, il est un pionnier des radios libres : en juin 1981, il crée avec ses amis Radio Soleil Goutte d’Or. À la veille des élections municipales de mars 1983, qui voient émerger le Front national, il participe au Collectif des droits civiques, premier regroupement visant à inciter les jeunes d’origine étrangère à s’inscrire sur les listes électorales, et contribue à la préparation de la fameuse marche des Beurs de 1983.

Saïd Bouziri participe en 1987 à la création de l’association Génériques, qui a organisé en 1989 la première exposition sur l’histoire de l’immigration en France et a réalisé depuis un travail unique : un inventaire de toutes les sources de l’histoire de l’immigration, publié en quatre tomes de plus de 4 000 pages.

Responsable de la Commission immigrés de la LDH puis trésorier national, Saïd Bouziri a animé jusqu’à ses derniers moments la campagne en faveur de l’octroi du droit de vote aux étrangers aux élections locales.

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Le 11 juin dernier, il inaugurait à Lyon une grande exposition, « Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France », qui sera présentée à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, à Paris, à partir du 17 novembre prochain.

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