Bourguiba-Kadhafi : le choc des ego

Dans ses Mémoires, Béji Caïd Essebsi, figure du régime bourguibien, raconte comment les relations tumultueuses entre la Libye et la Tunisie ont failli, au lendemain de l’Union avortée entre les deux pays, tourner au pire.

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Publié le 21 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Un livre de plus de 500 pages, avec beaucoup d’annexes utiles, assez bien écrit (par l’auteur lui-même) et très bien édité par l’une des meilleures maisons tunisiennes (Sud Éditions).

Le titre indique l’axe de l’ouvrage : Habib Bourguiba. Le bon grain et l’ivraie. Mais, après lecture, on se demande s’il n’aurait pas été plus juste de l’intituler : « Habib Bourguiba, La République et moi ».

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Car l’auteur, Béji Caïd Essebsi, y égrène les souvenirs d’un homme qui a achevé ses études (de droit) à la veille de l’indépendance de la Tunisie, en mars 1956, avant de compter, pendant plus d’un demi-siècle, parmi les personnages qui, dans les cercles du pouvoir, graviteront autour d’un homme-soleil : Habib Bourguiba.

Certains membres de ces cercles, tel « Si Béji », ont fait un bout de chemin avec son « tombeur » et successeur : Zine el-Abidine Ben Ali. 

Béji Caïd Essebsi s’est visiblement délecté d’avoir été presque constamment au centre du pouvoir, car il n’a connu, tout au long de cette longue période, que de très brèves disgrâces, au cours desquelles il a donné l’impression… de dépérir.

Pendant plus de deux décennies, il a occupé, avec bonheur, les postes de souveraineté les plus prestigieux – l’Intérieur et les Affaires étrangères – et les plus grandes ambassades, dont celle de Paris. 

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Selon son souvenir, il a réussi là où il a été placé, a pris de bonnes décisions, dit ce qu’il fallait dire et donné les meilleurs conseils, aussi bien à Bourguiba – qui en redemandait – qu’à ses Premiers ministres. Il relate qu’il a également prodigué de bons conseils aux homologues de Bourguiba : Hassan II, Chadli Bendjedid, Saddam Hussein et Kadhafi.

Bourguiba a très souvent fait sentir et même dit à « Si Béji » qu’il ne pouvait pas l’imaginer loin de lui et, tout au long du livre, on sent que tous les autres avaient la plus grande confiance en son jugement et en sa droiture.

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Béji Caïd Essebsi est un bon cerveau et a du bagout ; il sait taire le mal qu’il peut penser de la plupart et dire à quelques-uns plus de bien d’eux qu’il ne le pense. Là est sans doute le secret de la réussite politique de cet enfant de la bourgeoisie tunisoise.

En morceaux choisis de cette contribution subjective – c’est la loi du genre – à l’histoire de la Tunisie bourguibienne et de ses relations avec le reste du monde, j’ai sélectionné le récit par Béji Caïd Essebsi d’un épisode de la saga tuniso-libyenne.

Du temps où Bourguiba régnait sur la politique tunisienne et où Kadhafi lui faisait face à Tripoli, c’était le célèbre « Je t’aime, moi non plus ».

Et il revenait à Béji Caïd Essebsi, dont l’art du compromis faisait merveille, d’empêcher que le heurt des tempéraments et le choc des ego entre les deux chefs ne dégénèrent en guerre ouverte entre la Tunisie et son voisin libyen.

Les pages que vous allez lire donnent, à mon avis, une bonne idée de l’atmosphère de ce livre de Mémoires d’un acteur de l’Histoire servi par son exceptionnelle longévité, et par une mémoire qui sait où sont « les bons fagots ». 

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