Jusqu’où ira le Mend ?

Le Mouvement d’émancipation du Delta du Niger a frappé le 12 juillet au cœur de Lagos.

Publié le 21 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est un « son et lumière » apocalyptique auquel les habitants de Lagos n’avaient pas eu droit depuis décembre 2006, quand un oléoduc avait explosé accidentellement, réduisant des quartiers en cendres et tuant plus de 250 personnes. Le 12 juillet, à la nuit tombée, des miliciens du Mouvement d’émancipation du Delta du Niger (Mend) ont dynamité l’embarcadère d’Atlas Cove, à quelques kilomètres de l’entrée d’Apapa, le port de Lagos. L’explosion a détruit les canalisations de ce terminal destiné au déchargement de produits pétroliers importés. Cinq ouvriers ont été retrouvés carbonisés.

Depuis qu’ils ont pris les armes au nom d’un partage plus équitable des recettes pétrolières, les rebelles du Mend ont toujours cantonné leurs offensives – attaques et sabotage d’installations pétrolières, enlèvement d’employés des compagnies – à leur bastion : la région pétrolifère du Delta, dont la ville principale, Port Harcourt, se situe à quelque 650 kilomètres au sud-est de Lagos. Mais cette fois-ci, ils ont visé la capitale économique du pays – premier producteur de pétrole en Afrique –, qui est aussi la ville la plus peuplée au sud du Sahara, avec plus de 15 millions d’habitants.

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Capables d’atteindre Lagos, jusqu’où les hommes du Mend iront-ils ? Ils semblent en tout cas avoir les moyens de frapper fort. Selon plusieurs témoins, les assaillants d’Atlas Cove sont arrivés à bord de vedettes et étaient lourdement armés. Dans un communiqué, Jomo Gbomo, porte-parole du mouvement, a prévenu : l’attaque s’inscrit dans le cadre d’une opération plus vaste, baptisée « Moïse », dont la « seule caractéristique » sera de « combiner le dialogue et l’intensification des attaques pendant toute la durée des négociations ».

Une référence à la proposition du président nigérian Umaru Yar’Adua : l’amnistie totale à tout combattant déposant les armes. Une offre dont Henry Okah, le leader du Mend, a été le premier à bénéficier. Détenu depuis septembre 2007, il a été libéré le 13 juillet, au lendemain de l’attaque et quelques jours après que ses avocats avaient annoncé que leur client saisissait la main tendue par le président. Le 12 juillet sonne donc comme un avertissement : vous ne nous achèterez pas avec une amnistie, prévient le Mend. Ce qui donne, dans les termes du porte-parole Jomo Gbomo : « Nous voulons donner à notre peuple […] la garantie que nous n’échangerons pas le droit hérité de notre naissance contre un bol de porridge. » Mettant en œuvre sa stratégie combinant violence et dialogue, le mouvement a décrété un cessez-le-feu de soixante jours le 15 juillet.

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