Michel Gbagbo : « Un président par famille et par siècle, c’est suffisant »

Candidat à la députation, le fils du chef de l’État veut se faire un nom sur la scène politique.

Publié le 21 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Michel, 40 ans en septembre, se lance en politique. L’aîné des enfants du chef de l’État se positionne pour les prochaines législatives, dans la commune de Yopougon, banlieue populaire acquise au parti de son père, le Front populaire ivoirien (FPI). Déjà en précampagne, il enchaîne les meetings et multiplie les œuvres de charité, ce qui lui assure une bonne couverture médiatique. Pendant des années, Michel Gbagbo, par ailleurs poète, romancier et essayiste, est resté discret. Membre du FPI depuis 1990, il appartient aujourd’hui au secrétariat national. Il est également conseiller du maire de Yopougon, Jean Félicien Gbamnan Djidan. Sur son curriculum vitae, visible sur son site Internet personnel, il affiche un père et… deux mères : la « biologique », Jacqueline Chaynes, une enseignante française ayant exercé à Abidjan, et l’« adoptante », Simone Ehivet, l’épouse actuelle de son père, première dame et présidente du groupe parlementaire FPI. Jacqueline Chaynes et Laurent Gbagbo se sont fréquentés dans les années 1960 et ont vécu ensemble jusqu’en 1979. Ils partageaient les mêmes convictions politiques au point que Jacqueline fut prise à partie par le président Houphouët-Boigny, qui l’accusait d’être « communiste ». Quand elle quitte la Côte d’Ivoire, Michel, alors âgé de 10 ans, est confié à la sœur de son père, Jeannette Koudou Gbagbo. 

L’enfance de Michel est plutôt austère. Sa mère est loin, son père, enseignant à l’université, est frappé d’une mesure de suspension de solde… En 1982, Laurent Gbagbo s’exile en France, où son fils le rejoint. Celui-ci revient en Côte d’Ivoire en 1987, passe son bac et s’inscrit à l’université. Il est fauché, et la situation de son père n’est pas plus brillante. Sa mère l’aide à payer ses études. Sa belle-mère, Simone Gbagbo, l’accueille au sein de la famille, qui va ainsi compter cinq enfants : Michel, Marthe et Patricia Ehouman, jumelles que Simone a eues d’un premier mariage, Marie Laurence et Marie Patrice, les jumelles du couple Ehivet-Gbagbo.

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Après un DEA en psychologie, il commence à travailler en tant que consultant tout en préparant sa thèse, qu’il soutient en 2007. Assistant à l’université de Cocody, au département de criminologie, il est aussi directeur de la formation, de la communication et de la sensibilisation au stratégique Comité national de pilotage et de redéploiement de l’administration (CNPRA).

Être un proche du président lui vaut d’être très courtisé. « Je suis dans une position dans laquelle je n’ai pas voulu être. Ne me reprochez pas de recevoir des cadeaux des admirateurs de mon père », se défend-il. « Je ne suis intéressé que par les législatives, je souhaite participer aux débats et au vote des lois », assure-t-il, affirmant ne pas vouloir s’inscrire « dans une logique de transmission dynastique du pouvoir. Un président par famille et par siècle, c’est suffisant. »

Son arrivée en politique n’est pas du goût de tous, d’autant que « Simone, l’épouse, est déjà très engagée dans le parti. L’appétit venant en mangeant, le “petit” pourrait viser le perchoir de l’Assemblée nationale ou la présidence du groupe parlementaire et se rapprocher du pouvoir », relève sous le couvert de l’anonymat un membre influent du FPI. Mais rien n’est encore joué pour Michel Koudou Gbagbo. Il doit affronter plusieurs barons du parti qui convoitent la circonscription de Yopougon. Malgré la grande complicité qu’il entretient avec son père, celui-ci ne l’a pas encore officiellement adoubé candidat.

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