Narcotrafiquants en crise ?
Le nombre de saisies de drogue en provenance de la sous-région et à destination de l’Europe est en forte baisse.
La crise fait-elle baisser la consommation de cocaïne des Européens, ou les douaniers se montrent-ils très dissuasifs ? Selon le dernier rapport publié par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) le 7 juillet et intitulé « Trafics transnationaux et État de droit en Afrique de l’Ouest : une évaluation de la menace », le nombre de saisies de drogue en provenance d’Afrique de l’Ouest et à destination de l’Europe baisse sensiblement depuis deux ans. Interpol indique que, dans les aéroports européens, ce nombre est passé de 476 en 2007 à 330 en 2008, pour s’établir finalement à 56 au premier trimestre de 2009. De même, 11 saisies d’envergure ont été effectuées en 2007 dans la région, mais seulement 4 en 2008, et aucune depuis le début de 2009. Sur les 1 000 tonnes de poudre blanche annuellement produites dans le monde – dont 250 tonnes sont commercialisées en Europe –, seules 20 continueraient à transiter par l’Afrique de l’Ouest, soit une baisse du trafic d’environ 50 % depuis 2007.
Pour Antonio Mazzitelli, responsable de l’ONUDC pour l’Afrique de l’Ouest, plusieurs facteurs expliquent cette diminution du nombre des saisies. « Il y a d’abord des causes extérieures, explique-t-il, comme la baisse de la production, notamment en Colombie, et la multiplication des saisies, ainsi qu’une stagnation de la demande européenne. Et puis il y a des facteurs propres à l’Afrique de l’Ouest, comme les changements politiques en Guinée et en Guinée-Bissau, mais aussi au Ghana, où le nouveau président, John Atta Mills, a pris des mesures énergiques pour lutter contre les trafiquants et leurs éventuelles complicités gouvernementales. »
Les réseaux se réorganisent
L’embellie sera-t-elle durable ? Rien n’est moins sûr. Déjà les réseaux se réorganisent et cherchent de nouveaux points de transbordement pour leurs marchandises. En septembre-octobre 2008, au Togo, une filière projetant l’importation par avion de 2 tonnes de cocaïne a été démantelée. En mai 2009, au Pérou, un navire contenant une « grosse cargaison » a été arraisonné alors qu’il faisait route pour le Bénin. Enfin, la vente au détail de la drogue passant au travers des mailles du filet reste une activité particulièrement rentable : plus de 1 milliard de dollars…
« Si le problème de la drogue était résolu à un endroit, il pourrait se reproduire un peu plus loin, ou être simplement remplacé par d’autres activités illégales », analyse Antonio Maria Costa, directeur exécutif de l’ONUDC. Parmi ces dernières, certaines sont moins déstabilisatrices pour les États que le narcotrafic, comme la contrebande de cigarettes en provenance d’Asie (775 millions de dollars), le trafic de médicaments venant d’Europe et d’Asie (438 millions), ou encore le trafic de femmes du Nigeria vers l’Europe (300 millions). En revanche, le détournement de la rente pétrolière nigériane reste très coûteux : on l’estime à près de 1 milliard de dollars.
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