Les producteurs du continent au diapason

Du 1er au 5 juillet, le festival Timitar, à Agadir, s’est fait le porte-voix d’une filière musicale africaine qui se structure peu à peu.

Publié le 16 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Attablé devant un bon tagine, dans les loges après sa sortie de scène, le 5 juillet à Agadir, au-delà de minuit, le chanteur guinéen à la voix d’or, Sekouba Bambino, savoure les compliments qui viennent à lui. Dehors, face à un public dense, Rays Lahoucine Lbaz, célèbre chanteur et poète amazigh du Souss, clôt la 6e édition du festival Timitar « Signes et Culture ».

Martyrisé par un tremblement de terre le 29 février 1960 qui a fait plus de 15 000 victimes, Agadir, avec ses hôtels, ses boîtes de nuit, ses néons et son béton à profusion, est la capitale du Souss, poumon économique du grand Sud marocain. Ayant su tirer profit de sa plage de sable fin qui s’étend sur 10 km, la ville a est devenue au fil des ans un spot du tourisme de masse. Depuis 2004 s’y tient en juillet un festival populaire dédié aux musiques du monde, en particulier amazighes (berbères). Dans la région d’Agadir, la population est en majorité berbérophone. Un festival n’a de sens que s’il est « en dialogue avec son territoire », déclare Brahim El Mazned, directeur artistique de Timitar, qui s’est tenu cette année du 1er au 5 juillet.

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Le dernier soir, derrière la scène, certains de ceux qui se produisaient les jours précédents devisent, échangent, promettent de se revoir. Parmi eux, le Mauricien Menwar, porte-voix du séga, emblème musical de l’identité afro-mauricienne. On pouvait aussi croiser le Sénégalais Saintrick, un chanteur qui mixe les langues et les rythmes de ses origines congolaises avec le mbalax de sa terre d’adoption. L’un et l’autre ont été invités dans le cadre d’un plateau spécial labellisé « Équation Musique ! », sur lequel sont intervenus également le groupe marocain Amayno, le chanteur kényan Makadem, le groupe sud-africain Blk Jks et les rappeurs camerounais VBH.

Mis en place par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et Culturesfrance (opérateur culturel délégué du ministère français des Affaires étrangères et européennes, et de celui de la Culture et de la Communication), Équation Musique ! est un programme d’appui à la présence des producteurs du Sud sur les marchés professionnels. Les artistes sont venus à Agadir accompagnés de leurs producteurs, tous du continent. 

Connexions sud-sud

« L’idée de mettre en lumière cette opération à Timitar est partie d’un constat, déclare Brahim El Mazned. La plupart du temps, lorsqu’on invite des artistes du Sud, nous passons par des opérateurs européens, alors qu’il existe en Afrique des producteurs avec qui nous pouvons traiter directement. » Équation Musique ! permet de développer un réseau de connexions Sud-Sud au sein de la filière musicale, de donner à des opérateurs isolés la possibilité de se rencontrer, voire de monter des projets ensemble.

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Depuis le lancement de l’opération, en 2008, à Babel Med Music, salon et marché des musiques du monde, organisé à Marseille, il y a eu plusieurs résultats probants. Notamment une création musicale, Waka, sur laquelle interviennent des artistes issus de différents pays africains et qui a été présentée lors du festival burkinabè Ouaga Hip Hop. Un groupe marocain, Oudaden, a été programmé dans un festival en Tanzanie. « Il faut qu’il y ait encore plus d’opérations de ce genre au niveau de l’Afrique, commente Saintrick. Ainsi, nous ne serons plus forcément obligés d’aller jouer en Europe pour être vus par des professionnels et faire une carrière. »

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