Lomé, qu’as-tu fait de tes atours?

Avec sa lagune, ses plages et son relief, la capitale ne manque pas de charme et pourrait être l’une des plus belles du continent. À condition d’un sérieux lifting.

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Publié le 16 juillet 2009 Lecture : 3 minutes.

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Togo, attention, fragile!

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Ce n’est pas par hasard si elle fut longtemps considérée comme la ville la plus agréable d’Afrique de l’Ouest. Avec sa lagune, ses plages de sable jaune et son climat doux, la capitale togolaise bénéficie d’atouts naturels dont les habitants et les touristes ont su profiter en d’autres temps. Mais, au début des années 1990, le visage de la belle cité s’est dégradé. Les services urbains de base tels que le ramassage d’ordures, l’éclairage public, l’entretien de la voirie urbaine ou le curage des caniveaux se sont progressivement détériorés.

Signés entre la commune et une quinzaine d’entreprises privées, des contrats portant sur le ramassage de déchets solides, l’aménagement des décharges et l’entretien des voies sont rarement exécutés sans incident. Ils sont même souvent interrompus. La faute aux difficultés éprouvées par ces entreprises à se faire payer leurs prestations. Résultat : la lagune de la ville est devenue le réceptacle de toutes sortes de détritus, un réservoir d’eaux usées… et un vaste nid de moustiques. Pendant la saison des grandes pluies, on craint qu’elle ne sorte de son lit pour inonder les quartiers proches de la côte. 

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Tout reste à faire

Né à deux pas de cette étendue d’eau douce, Arnaud Pedassou, Togolais aujourd’hui installé à Paris, rêve de voir la lagune débarrassée de ses déchets. « Avec des berges bien aménagées, on y construirait des casinos, des restaurants… », s’enthousiasme-t-il. Le jeune entrepreneur suggère, sans trop y croire, d’y créer une petite entreprise de location de pédalos, « qui pourrait générer des ressources dont les caisses de la commune ont grand besoin », si la lagune était draguée, assainie, éclairée et sécurisée. Mais la dégradation générale du cadre urbain l’incite à penser que cela ne se réalisera jamais.

Pourtant, le conseil d’administration de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), réuni le lundi 15 juin dernier dans les locaux de la Banque populaire de Chine, à Shanghai, a peut-être marqué le point de départ de la transformation du site. Un prêt destiné au financement partiel du projet d’aménagement de la zone lagunaire a été discuté. Il concerne l’achèvement des travaux de curage et de restauration des capacités de rétention de la lagune de Lomé, pour un montant de 7,5 milliards de F CFA (11,4 millions d’euros). 

À chaque quartier son ethnie et son parti

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La ville subit également une fragmentation due à l’aggravation des inégalités sociales, l’augmentation du sentiment d’insécurité et le développement accru de l’économie informelle. Par ailleurs, les violences politiques de ces quinze dernières années ont fait naître une forme de communautarisme qui a fragilisé la cohésion urbaine.

On s’installe dans des quartiers où la majorité des habitants est réputée proche du même bord politique ou originaires de la même ethnie que soi. Ainsi, le quartier Bè, situé au sud de la lagune et habité majoritairement par les autochtones éwès, serait un bastion de l’Union des forces de changement (UFC), principal parti d’opposition. Au nord de la lagune, Tokoin, Adewi, Doumasséssé sont plutôt bienveillants à l’égard du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti au pouvoir.

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Malgré ces concentrations communautaristes, les Loméens venant des cinq arrondissements qui composent la ville continuent de se retrouver, de se mélanger et de partager les espaces de loisirs – les plages, les restaurants, les boîtes de nuit… En dépit des clivages ethniques et politiques, le sentiment d’appartenance à un seul et même pays reste fort. L’espoir de voir la plus grande des villes togolaises retrouver son charme d’antan aussi. 

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