A la reconquête de l’Ouest

Seul port en eau profonde de la région, le « PAL » a engagé une nouvelle phase de modernisation. Indispensable pour renforcer durablement sa position face à la concurrence.

Publié le 16 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

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Togo, attention, fragile!

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Est-ce parce qu’il est le seul port en eau profonde d’Afrique de l’Ouest et qu’il joue un rôle moteur dans la toile maritime sous-régionale que le Port autonome de Lomé (PAL) agite à ce point le landerneau politico-judiciaire ? Il faut dire qu’avec plus de 7,2 millions de tonnes de fret en 2008 – contre seule­ment 5 millions en 2005 et 4,5 millions en 2003 –, ce port a un fort potentiel de développement que les multiples projets miniers des pays de l’hinterland, Niger en tête, ne cessent d’alimenter (pétrole d’Agadem, uranium d’Imouraren…).

Les opérateurs se mobilisent

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D’où l’engouement des opérateurs maritimes et armateurs, et leur concurrence parfois farouche pour faire de Lomé un hub de transbordement. C’est le cas de Getma International, qui connaît un accroissement de son trafic grâce aux contrats chinois avec le Niger. Propriétaire de deux des quatre grues du PAL, le groupe, fondé en 1978, est présent dans la gestion des conteneurs depuis qu’il a récupéré, via sa filiale Manuport Togo, une licence de la société Ecomarine, dénoncée par l’État togolais.

En décembre dernier, le même groupement, associé à l’armateur italo-helvétique Mediterranean Shipping Company (MSC), a bénéficié d’une convention de trente-cinq ans pour le financement, la construction et l’exploitation d’une seconde darse. D’une superficie de 50 hectares, celle-ci portera la capacité d’accueil à 12 navires, contre 7 actuellement. Les travaux débuteront en septembre. D’ici à trois ans, entre 400 000 et 500 000 boîtes pourront être traitées, contre 250 000 aujourd’hui et 166 000 en 2003. « À terme, nous visons 1,5 million », explique David El Bez, directeur régional de Getma et directeur de Getma Togo. Le PAL pourra ainsi accueillir les porte-conteneurs géants de 14 mètres de tirant d’eau venant d’Asie.

 

Progosa s’éclipse, Bolloré revient

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Si cette concession ouvre à Getma d’importantes perspectives, les démêlés judiciaires de Jacques Dupuydauby signent quant à eux les déboires du groupe Progosa. En même temps que le retour de Bolloré au PAL. Le 28 mai dernier, le groupe français a d’ailleurs gagné, en appel, le procès intenté quatre ans auparavant contre son ancien salarié pour « détournements d’actifs ». Au terme de cette décision, les anciennes sociétés de Progosa au Togo, SE2M et SE3M, chargées respectivement de la manutention et de l’arrimage des navires, lui ont donc été rétrocédées. Elles sont actuellement gérées par un mandataire, dont la priorité est d’en rétablir la santé financière.

Les jours suivant le départ de Dupuydauby, le 26 mai, un climat de fébrilité a pesé sur le poumon économique du pays. Selon le procureur de la République du Togo, Robert Bakaï, les matériels informatiques des sociétés de Dupuydauby « ont été intentionnellement détruits ». Parmi eux figurent des serveurs et des logiciels essentiels à la gestion des flux des navires et à leur déchargement. « Quelques jours après ce départ, un navire de la CMA-CGM devait accoster. On ne savait pas comment le réceptionner », explique un opérateur sous le couvert de l’anonymat.

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Mais passés les premiers instants de flottement, tout semble aujourd’hui rentré dans l’ordre. L’activité du PAL, qui n’a jamais été interrompue, suit son cours. On ne sait toujours pas quelles seront les suites de cette affaire. Une certitude cependant : le temps de Dupuydauby dans ce port est passé.

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