Gilbert Houngbo : « Le pays ne peut se payer le luxe d’une nouvelle crise »

Le président Faure Gnassingbé a choisi de laisser les coudées franches à un homme au franc-parler. Nommé en septembre dernier, l’ancien directeur Afrique du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) concentre plus de pouvoirs qu’aucun de ses prédécesseurs à la primature.

Publié le 15 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

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Togo, attention, fragile!

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Jeune Afrique : Pour une majorité de Togolais, le retour de la communauté internationale ne se concrétise pas. Que leur répondez-vous ?

Gilbert Houngbo : Qu’ils ont raison et que je les comprends. Notre travail et les résultats obtenus ne sont pas encore perceptibles au point que la population s’en rende compte et que cela se ressente dans le panier de la ménagère. D’autant que la situation économique était très dégradée. Le Togo est un sous-marin qui remonte lentement à la surface.

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Il faut aussi que les Togolais comprennent que la matérialisation de l’aide approuvée en 2008, lors de la conférence des bailleurs de fonds, répond à de longues procédures.

Ces efforts sont-ils contrariés par la conjoncture internationale ?

Malheureusement oui. En 2009, la croissance sera de 1,8 %, autant dire une stagnation. Ce contexte difficile survient au moment où nous nous réengageons et tentons d’attirer les investisseurs. Il n’entraîne pas l’annulation de projets, mais leur report… Notre principal souci est la baisse du fret international, qui se traduit par une chute de 20 % à 30 % du trafic au port de Lomé par rapport à 2008 et, donc, par un déclin des taxes perçues par l’État.

Quelles sont vos priorités pour l’économie ?

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Actuellement, nous mettons en place les conditions qui permettent d’attirer l’investissement étranger, le seul susceptible, à nos yeux, de relancer la croissance. C’est le cas dans le domaine de l’énergie, avec l’entreprise américaine ContourGlobal, mais aussi dans les phosphates et le coton, où la situation était catastrophique. Nous allons réinvestir dans les infrastructures. C’est un travail de fond.

Confirmez-vous l’ouverture prochaine du secteur des télécommunications ?

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Des experts étudient la question. Ce secteur est très porteur, mais nous voulons nous assurer que cette ouverture sera une valeur ajoutée pour les consommateurs, entendez une meilleure qualité de service, une diminution des tarifs et des créations d’emplois. Nous ne voulons pas une licence globale pour le plaisir d’avoir un opérateur de plus. Qu’il s’agisse d’un appel d’offres international ou à candidature, nous ferons de toute façon jouer la concurrence pour cette nouvelle licence.

L’affaire politico-judiciaire Dupuydauby nuit-elle à l’image du pays ?

L’essentiel est qu’elle n’ait pas d’incidence sur le fonctionnement du port de Lomé, ce qui est le cas puisque les navires accostent normalement. Si je m’en tiens au critère strictement juridique, je dirais que cette affaire est même positive pour le Togo, puisqu’elle est la preuve que notre justice fonctionne normalement, de manière indépendante. Elle a fait son travail et a tranché sereinement sur ce dossier qui traînait depuis plusieurs années. Au-delà, la guerre et les règlements de comptes entre Progosa et ses concurrents ne nous regardent plus.

Garantissez-vous une élection présidentielle transparente en 2010 ?

Les législatives de 2007 ont été les premières élections pacifiques de notre histoire. Le minimum que nous puissions faire est d’organiser un scrutin aussi crédible. Pas question pour nous de revenir en arrière. Le Togo n’a aucun intérêt à se retrouver dans une situation de déchirement. Il ne peut se payer le luxe d’une nouvelle crise.

Cependant, nous nous inquiétons du retard pris sur certaines questions, à commencer par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui doit être opérationnelle le plus vite possible. Par ailleurs, les acteurs politiques de ce pays doivent trouver la voie de la paix et de la réconciliation, ce qui n’est pas encore le cas.

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