Chine : pourquoi tant de haine ?
Des violences interethniques ensanglantent la province du Xinjiang, à majorité musulmane et turcophone.
Le 5 juillet, des Ouïgours de la région autonome du Xinjiang s’en sont pris aux Hans (Chinois de souche) ainsi qu’aux forces de l’ordre. Depuis, Pékin tente de reprendre le contrôle de la situation et réprime la révolte dans le sang. Bilan (provisoire) : 156 morts et un millier de blessés. Éléments d’explication.
Où se trouve le Xinjiang ?
C’est la région du nord-ouest de la Chine, frontalière avec la Mongolie (à l’est), la Russie (au nord), le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, l’Afghanistan et le Pakistan (à l’ouest). Elle se situait sur la route de la Soie, l’ancienne voie de commerce entre la Chine et l’Europe. Aujourd’hui, le Xinjiang abrite les plus importantes ressources naturelles du pays. Selon le dernier recensement, en 2000, les Ouïgours restent le premier groupe ethnique de la région (45 %, sur une population de 20 millions d’habitants) devant les Hans (37 %). Le Xinjiang s’étend sur un sixième du territoire chinois.
Cette région est-elle autonome ?
Le gouvernement chinois la qualifie de « région autonome ». Mais, à l’instar du Tibet ou de la Mongolie-Intérieure, sa politique se décide à Pékin.
Qui sont les Ouïgours ?
Un peuple turcique qui vit en Asie centrale, de part et d’autre de la frontière occidentale de la Chine.
Que réclament-ils ?
On ne dispose que de peu d’informations sur la manière dont les Ouïgours voient leur avenir. Les documents internes du Parti communiste chinois mentionnent « leurs difficultés à s’identifier à la nation chinoise ». Hors des frontières, plusieurs organisations réclament l’indépendance. Pékin affirme que la révolte est orchestrée par des « forces séparatistes » de l’étranger et dénonce le rôle de Rebita Kadeer, la leader séparatiste qui vit en exil aux États-Unis après avoir purgé cinq ans de prison en Chine.
Y a-t-il eu des révoltes dans le passé ?
Depuis l’avènement de la République populaire de Chine en 1949, les Ouïgours se sont soulevés plusieurs fois : en 1997 notamment, à Ghulja, Yining et Urumqi, la capitale, après une répression policière. En 2007, les forces de sécurité chinoises ont lancé un raid contre un « camp d’entraînement terroriste », abattant dix-huit personnes. En 2008, seize policiers sont morts dans ce que les autorités ont qualifié d’attentat séparatiste.
Qu’est-ce qui a provoqué les émeutes du début de juillet ?
Officiellement, une bagarre entre des ouvriers des deux ethnies dans une usine de jouets de la province méridionale du Guangdong, le 26 juin (deux Ouïgours ont été tués). Mais la raison principale tient aux disparités de revenus entre Hans, qui dominent le commerce local, et Ouïgours.
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