Des coins de paradis

Des économistes ont établi un classement des pays où il fait bon vivre et défini un « Indice planète heureuse ». Surprise : les mieux lotis ne sont pas forcément ceux que l’on croit…

Publié le 15 juillet 2009 Lecture : 3 minutes.

Le célèbre american way of life mènera-t-il le monde à la faillite ? Pour refuser de signer le protocole international de Kyoto sur le changement climatique, George W. Bush avançait un argument imparable : pas question d’imposer le moindre changement de style de vie à ses compatriotes. Aujourd’hui, avec Barack Obama, les États-Unis commencent à évoluer dans le bon sens. Il était temps… En effet, selon la New Economics Foundation (NEF), une ONG britannique animée par Herman Daly, de l’Université du Maryland (États-Unis), il faudrait pas moins de quatre planètes et demie pour soutenir la charge que le modèle de consommation américain, s’il était généralisé, ferait peser sur les ressources de la Terre ! Un peu plus que les Européens (deux à trois planètes), beaucoup plus que les Latino-Américains (une à deux planètes) ou que les Africains (moins d’une planète).

Dictature de la croissance

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Le 4 juillet, la NEF a publié un rapport sur le niveau de vie des habitants de 143 pays, représentant 99 % de la population mondiale. Cette étude très complète combine toute une série de critères : consommation, qualité de la vie (santé), sentiment de bien-être, impact sur l’environnement… En synthétisant ces données, les chercheurs de la NEF – des économistes et des spécialistes de l’écologie – sont parvenus à définir un indicateur inédit, l’Indice planète heureuse (IPH), ou Happy Planet Index (HPI), qui permet d’établir des comparaisons entre les pays et d’évaluer les dégâts du développement anarchique sur l’environnement.

Daly et son équipe en appellent à la fin de la « dictature de la croissance économique », mesurée par la seule progression de la valeur ajoutée matérielle (le produit intérieur brut et son corollaire, le revenu par habitant).

La qualité de la vie ne se mesure pas uniquement à l’aune de la richesse financière. Le classement de la NEF le prouve. Première puissance économique et militaire mondiale, les États-Unis se classent ainsi au 114e rang. Derrière Madagascar (113e) et juste devant le Nigeria (115e) et la Guinée-Conakry (116e). Pourquoi ?

Les Américains ont beau disposer d’un revenu annuel moyen de 45 000 dollars, d’une espérance de vie à la naissance élevée (77,9 ans) et être très satisfaits d’eux-mêmes (une note de 7,9 sur 10, selon un sondage Gallup International), ils gaspillent beaucoup trop d’énergie.

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Pour satisfaire sa consommation (alimentaire, chauffage, transport…), un Américain a besoin de 9,4 hectares de terres : quatre fois plus que ce que la planète peut supporter (2,1 ha par habitant).

Numéro un : le Costa Rica

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Or, selon la NEF, chaque produit consommé a un impact sur la nature et laisse « une empreinte écologique ». Ainsi, pour produire un kilo de fruits, il faut en moyenne 3,5 m2 de terres arables, 50 m2 pour un kilo de fromage et 100 m2 pour un kilo de viande rouge. En additionnant tous les produits consommés par un Américain moyen, la NEF arrive au chiffre de 9,4 hectares. Près de vingt fois plus qu’un Congolais (0,5 ha), dix fois plus qu’un Rwandais (0,8), cinq fois plus qu’un Tunisien (1,8) et deux fois plus qu’un Français (4,9).

Où se trouve l’équilibre ? La planète serait « heureuse » si ses habitants consommaient en moyenne l’équivalent de 1,7 hectare, au lieu de 2,4.

Il est possible de vivre plus longtemps en consommant moins, sans nuire à l’environnement. Le Costa Rica offre le meilleur exemple de démocratie, de protection de l’environnement et de développement économique. Il est le numéro un mondial du classement de la NEF, avec une espérance de vie de 78,5 ans, un degré de satisfaction de la population de 8 sur 10 (selon le même sondage Gallup) et une consommation moyenne de 2,3 ha. Son IPH est de 76,1 sur 100.

Sur les 143 pays, quarante-cinq seulement ont un IPH supérieur à 50, dont le Maroc (IPH de 56,8, au 21e rang), la Tunisie (IPH de 54,3, au 29e rang) et l’Algérie (IPH de 51,2, au 40e rang). Les pays latino-américains sont les mieux placés : onze d’entre eux figurent parmi les quinze premiers. Les pays riches se situent en milieu de peloton : les Pays-Bas en tête (IPH de 50,6 ; au 43e rang), suivis de loin par la France (IPH de 43,9 ; 71e rang) ou Hong Kong (IPH de 41,6 ; 84e rang).

Les pays d’Afrique subsaharienne sont mal classés, non en raison de leur empreinte écologique, qui est faible, mais en raison de leur niveau de vie. Tous ont un IPH inférieur à 40 sur 100, sauf le premier d’entre eux, Djibouti (IPH de 40,4 ; 87e rang). Sans surprise, le Zimbabwe est la lanterne rouge du tableau (IPH de 16,6 ; 143e).

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