Amnon Kapeliouk : mort d’un juste

Homme de paix tout autant que professionnel rigoureux, le journaliste israélien n’a jamais cessé de soutenir le combat du mouvement national palestinien.

Publié le 15 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Amnon Kapeliouk, qui s’est éteint le 26 juin à Jérusalem à l’âge de 78 ans, occupait une place à part dans la presse israélienne. À la fois homme de paix et journaliste rigoureux, il avait été parmi les fondateurs du B’Tselem, qui milite pour les droits de l’homme dans les territoires occupés. Arabisant, il connaissait pour ainsi dire de l’intérieur les arcanes de la résistance palestinienne autant que les méandres de la vie politique israélienne. Collaborateur du Monde et du Monde diplo­matique, il fait penser à ces figures de la presse française, les Claude Bourdet, Robert Barrat et autres Jean Daniel, qui, dans les années 1950, étaient les compagnons de route des nationalistes maghrébins.

Fils d’un émigrant russe, érudit, passionné de littérature arabe, Amnon naît à Jérusalem quand la Palestine est sous mandat britannique. Sur son passeport, on pouvait lire ainsi « Pales­tine » à la place réservée au lieu de naissance. Après des études de philosophie à la Sorbonne, il s’engage dans le journalisme à Al Hamishmar, l’organe du Mapam (gauche). Il ne tardera pas à se distinguer par l’étendue de son information et sa lucidité. Dès 1972, il publie une enquête sur les colonies israéliennes déjà « irréversibles ». Ses ouvrages sont autant de jalons du conflit israélo-arabe et font date : Israël, la fin des mythes (Albin Michel, 1975), Sabra et Chatila, enquête sur un massacre (Le Seuil, 1982), Hébron, un massacre annoncé (Arléa, 1994), Rabin, un assassinat politique (Le Monde éditions, 1996), Arafat l’irréductible (Fayard, 2004).

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En août 1982, en plein siège de Beyrouth par l’armée de Sharon, Arafat avait accordé une interview à Kapeliouk. La première du leader palestinien à la presse israélienne. C’est Yedioth Aharonot (et non Al Hamishmar) qui accueille le scoop et désormais son auteur. Un détail : au début de l’entretien, Arafat parle en anglais et Kapeliouk en arabe ; mais quand l’Israélien cite le Coran, on ne parlera plus que dans la langue du Prophète…

Amnon Kapeliouk était un ami de Jeune Afrique, auquel il lui arrivait d’accorder une interview.

J.A. : « Et si Netanyahou se révélait un nouveau Begin ? » A.K. : « On le voit mal démanteler les colonies ou rendre les territoires. » J.A. : « En dehors de la répression, que peut proposer Netanyahou aux Palestiniens ? » A.K. : « Beaucoup de processus et peu de paix ! » J.A. : « Les États-Unis pourraient-ils contraindre Netanyahou à devenir raisonnable ? » A.K. : « Certes, ils en ont les moyens, mais en ont-ils la volonté ? »

Cette interview remonte à juin 1996. Oui, 1996. « Mon seul tort, nous avait-il confié un jour, est de dire la vérité avant les autres. »

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