Le parti au pouvoir tergiverse
L’opposition réclamait un délai allant de trois à six mois, tandis que le Parti démocratique gabonais (PDG) et ses mouvements satellites souhaitaient une rallonge de soixante jours. Appelés à trancher le débat sur la date de l’élection du successeur d’Omar Bongo Ondimba, les membres de la Cour constitutionnelle ont décidé, le 8 juillet, d’accorder une rallonge de quarante-cinq jours, fixant par conséquent au 6 septembre prochain la tenue du scrutin. En fait, le calendrier initialement proposé par le ministère de l’Intérieur était, de l’avis général, impossible à respecter. Il prévoyait la révision générale des listes électorales du 4 au 14 juillet, planifiait leur traitement du 15 au 17 juillet, le suivi de l’examen d’éventuelles réclamations du 18 au 20 juillet, avant leur remise officielle, le 21 du mois, à la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap).
Bonne nouvelle pour certains, le report du scrutin accorde un répit au PDG notamment, qui en a profité pour remettre à plus tard la désignation de son candidat, attendue à l’issue des auditions du Comité permanent du bureau politique ce 8 juillet. « Ce report n’a rien à voir avec l’absence de consensus autour d’une candidature, comme je l’entends dire ici et là », conteste le secrétaire général du parti au pouvoir, Faustin Boukoubi. Sans convaincre les observateurs, l’ancien ministre de l’Agriculture attribue ce changement de calendrier au candidat Christian Raphaël Gondjout, dont l’audition a été retardée, car suspendue à son retour de mission à l’étranger. Tout juste Faustin Boukoubi concède-t-il que certains candidats ont paru « tendus » devant le Comité et que, face à la délicatesse de sa charge, son rôle de responsable du parti n’est pas un poste particulièrement « enviable ».
Faute de candidat « naturel », comme le fut Omar Bongo Ondimba, on se demande qui d’Ali Bongo Ondimba ou de Casimir Oyé Mba – apparemment au coude à coude – sera le candidat du « consensus » capable de séduire le Congrès prévu « d’ici à la fin du mois de juillet ». Pour l’instant, le parti s’efforce de cacher les clivages qui divisent les candidats à la candidature, par ailleurs poids lourds du gouvernement. Selon un membre du bureau politique, « le défi est de présenter un candidat dont le profil et le mode de désignation n’entraîneront pas l’implosion du mouvement, poussant les militants à voter pour les candidats indépendants ou ceux de l’opposition ». Alors que certains prétendants « pédégistes » à la présidence se sont détournés de l’instance de désignation, il est presque acquis que le parti fondé par Omar Bongo ira à la présidentielle, pour la première fois de son histoire, avec plusieurs candidats, que ceux-ci aient reçu ou non son onction. Du coup, le bureau politique semble désormais aller à reculons vers ce Congrès, présenté comme étant celui de tous les dangers.
En attendant le début de la campagne électorale, normalement prévue du 22 août au 5 septembre, les contacts en vue d’éventuelles alliances se poursuivent au Gabon comme à l’étranger. Tout pronostic serait hâtif, d’autant qu’il n’existe aucun sondage indiquant le poids réel des parties en négociations.
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