Une élection pour tourner la page
Le second tour de la présidentielle opposera Malam Bacai Sanha et Kumba Yala le 26 juillet prochain.
Bonne nouvelle pour la Guinée-Bissau : le premier tour de l’élection présidentielle s’est déroulé le 28 juin dans le calme. Aucun des onze prétendants à la succession de Nino Vieira, assassiné par des soldats en uniforme le 2 mars (en représailles à l’attentat qui a coûté la vie au chef d’état-major des armées, Tagme Na Waie), n’a obtenu la majorité absolue. Les électeurs devront donc départager, le 26 juillet, les deux hommes en tête du scrutin, Malam Bacai Sanha (39,59 % des suffrages), candidat du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), et Kumba Yala (29,42 %), leader du Parti de rénovation sociale (PRS) et chef de l’État de 2000 à 2003. Mais dans un pays qui connaît depuis plusieurs mois une recrudescence des assassinats politiques, et où l’armée est non seulement divisée entre factions rivales mais aussi gangrenée par le trafic de drogue, le calme n’est pas synonyme de sérénité. Loin s’en faut.
Campagne sous tension
Le 10 juillet, quinze jours avant le second tour, la campagne électorale a repris comme elle avait commencé, sous haute tension. Le double assassinat par des militaires, le 5 juin, du candidat à la présidentielle Baciro Dabo (ancien ministre de l’Administration territoriale et proche de l’ex-président Vieira) et de Helder Proença (ancien ministre de la Défense) est encore présent dans tous les esprits. Selon Amnesty International, les exactions des « corps habillés » se sont multipliées à l’approche des élections. De nombreux opposants auraient été menacés de mort et passés à tabac, à l’instar de l’ancien Premier ministre Francisco Fadul, le 1er avril, ou arrêtés illégalement par les forces armées.
Conséquence de ce climat délétère : au premier tour de l’élection, l’abstention s’est élevée à 40 % des quelque 600 000 inscrits, contre 28 % lors des législatives de 2008. Le démarrage de la saison des pluies pourrait également être responsable de la désertion des bureaux de vote, la plupart des Bissau-Guinéens étant occupés aux champs. Si les abstentionnistes et les électeurs du candidat malheureux Henrique Rosa, arrivé en troisième position avec 24 % des voix, ne reportent pas massivement leurs voix sur Kumba Yala – hypothèse très vraisemblable –, Malam Bacai Sanha pourrait aisément l’emporter. À moins qu’un groupe de militaires, encore une fois, n’en décide autrement.
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