Le Sommet de la corruption

Publié le 15 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est à la fois une victoire pour le président Boni Yayi et un revers cuisant pour sa politique de lutte contre la corruption, érigée en priorité nationale depuis son élection, en 2006. En mettant au jour, le 3 juillet dernier, lors d’un Conseil des ministres extraordinaire, l’un des plus vastes scandales de détournements de fonds publics au Bénin, le chef de l’État montre certes qu’il obtient des résultats, mais aussi que ce fléau ne régresse pas.

Cette nouvelle affaire concerne la construction et la réhabilitation, en 2008, du Palais des congrès et du Centre international de conférences de Cotonou, à l’occasion du 10e Sommet de la Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad).

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Selon un rapport de l’Inspection générale de l’État (IGE), commandé par la présidence de la République à la suite de rumeurs de malversations sur ces chantiers, les dépassements budgétaires et autres « irrégularités » dépasseraient les 5 milliards de F CFA (7,6 millions d’euros), soit 0,5 % du budget national voté la même année.

Violation des procédures d’attribution des marchés publics et des règles fiscales, surfacturations, sociétés prête-noms, collusion d’entreprises pour mieux fausser les règles de la concurrence, chantiers inachevés plus d’un an après la tenue du sommet, travaux mal ou pas exécutés, modifications des contrats, imperfections dans la construction des bâtiments… les conclusions de l’IGE sont accablantes.

Principaux visés, les deux maîtres d’ouvrage que sont le ministre de l’Urbanisme et, surtout, le ministre de l’Économie et des Finances de l’époque, Soulé Mana Lawani. Ce dernier, ami et ancien collègue du président Boni Yayi lorsqu’il dirigeait la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), est accusé d’avoir mené ce dossier « de manière solitaire et sans expertise ». Débarqué le mois dernier du gouvernement pour une autre affaire, il est passible de la Haute Cour de justice. Treize autres responsables clairement identifiés ont été relevés de leurs fonctions. Autre décision : les marchés de gré à gré seront désormais obligatoirement visés en Conseil des ministres.

Ce scandale intervient à l’approche de l’élection présidentielle de 2011, dont l’un des thèmes de mobilisation sera précisément la lutte contre la corruption – sujet dont pourrait notamment s’emparer Abdoulaye Bio Tchané, candidat pas encore déclaré et actuel président de la BOAD. Cette affaire risque donc de peser dans la balance… 

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