G8, le désaccord parfait
On savait le G8 moribond depuis décembre 2008, lorsque la vedette lui a été ravie par le G20, qui rassemble, en plus des sept pays les plus riches de la planète et de la Russie, les principaux pays émergents. À L’Aquila, la capitale des Abruzzes (Italie), où il s’est réuni du 8 au 10 juillet à l’invitation de son président, Silvio Berlusconi, il a définitivement fait aveu d’impuissance.
Le seul sujet d’accord aura été l’Iran. Il a été décidé, à l’unanimité, de « trouver une solution diplomatique » au développement de son inquiétant programme nucléaire et de repousser l’examen d’éventuelles sanctions à son encontre à la prochaine réunion, à Pittsburgh (États-Unis), en septembre.
Sur tous les autres dossiers, la cacophonie a été la règle. Les Russes s’étaient promis de soulever l’épineuse question de la suprématie du dollar. Nicolas Sarkozy s’est fait un plaisir de les épauler, en déclarant qu’un monde multipolaire avait besoin de plusieurs monnaies. Finalement, il n’en a pas été question du tout.
Les Occidentaux souhaitaient d’autre part un encadrement des prix du pétrole. L’opposition des Russes en a fait abandonner l’idée.
Le G8 a agité quelques « serpents de mer ». Par exemple, les négociations portant sur la nouvelle libéralisation du commerce international, dites « cycle de Doha », qui piétinent depuis quatre ans et qu’il souhaite voir aboutir d’ici à 2010 dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ou encore, la promesse d’aide de 15 milliards de dollars formulée, le 10 juillet, pour garantir la sécurité alimentaire dans le monde pendant trois ans, et qui pourrait se révéler tout aussi vaine que celle faite en 2005 à Gleneagles (Écosse) d’augmenter l’aide au développement de l’Afrique de 25 milliards de dollars par an.
La lutte contre le réchauffement climatique aurait pu être l’occasion d’un progrès spectaculaire, Barack Obama ayant enfin rejoint la position européenne : limiter la hausse de la température du globe à 2 °C d’ici à la fin du siècle. Pour y parvenir, le G8 a proposé de réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre, par rapport à 1990, et même de 80 % pour les pays développés, d’ici à 2050. L’encre du communiqué était à peine sèche qu’un conseiller du président russe déclarait que l’objectif de 80 % lui paraissait « inacceptable et, probablement, hors d’atteinte » et que, à l’opposé, Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU, qualifiait les décisions du G8 « d’insuffisantes ».
Le 9 juillet, les membres du G8 ont été rejoints par ceux du G5 (Brésil, Chine, Inde, Mexique, Afrique du Sud), qui ont exprimé les mêmes réticences que la Russie à l’égard des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, démontrant que les discussions sur ce sujet sensible ne servent à rien tant que tous les pays concernés ne sont pas réunis. Ne serait-ce que parce que les 150 milliards de dollars requis chaque année, selon l’ONU, pour réduire la part des énergies fossiles ne peuvent être obtenus à l’échelle d’un pays ni même d’un groupe de pays. Vivement le G20 en septembre !
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