Fadela, la lionne de la République

Fawzia Zouria

Publié le 7 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Elle est extraordinaire, Fadela Amara. Lundi dernier, sur le plateau de l’émission Mots croisés de France 2 consacrée au problème de l’interdiction (ou non) de la burqa et du niqab en France, la secrétaire d’État française chargée de la Politique de la ville a défendu bec et ongles la République. Une vraie lionne. Ni Élisabeth Badinter, avec son éternelle expression indignée devant les atteintes aux droits des femmes, ni Dominique Voynet, en maire de Montreuil oscillant entre compréhension et stupéfaction, n’ont brillé autant que Fadela, coiffée avec sa frange de collégienne et sa barrette à cheveux du marché – celle-là, on ne peut pas lui reprocher son côté « bling-bling »…

« Dans notre pays, on est choqué [par le port de la burqa, NDLR], affirme Fadela la combattante. Ce n’est pas acceptable dans un pays qui s’est battu pour les droits des filles ! » Et quand un sociologue plaide la différence culturelle et lui rappelle que la société française stigmatise le port du voile, elle avance, catégorique, qu’« il n’y a pas de préjugés contre les filles voilées ». Quid du principe sacré de liberté religieuse à laquelle recourent ces dernières ? « On ne doit pas redéfinir la liberté, elle s’impose à tous », lance-t-elle, plus mordante que jamais. Et de parer aux critiques portant sur le fond culturel chrétien de la France : « Il ne faut pas oublier que notre pays a été pendant longtemps la fille aînée de l’Église ! » Et c’est la musulmane Fadela qui le dit…

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Après un premier round d’échauffement, notre Marianne des quartiers renoue avec son discours sur ces zones de non-droit où sévit la loi des hommes, et les filles sont vues, au choix, uniquement comme des « putes » ou des « femmes soumises » – d’où le nom de sa fameuse association. Et qu’importe si ses affirmations accréditent l’idée du mauvais garçon arabe et de la musulmane opprimée, Fadela n’hésite pas à affirmer que « le voile est politique ». On ne lui fera pas croire, par exemple, que l’Internationale fondamentaliste ne complote pas pour instaurer une théocratie en France.

Avec la même véhémence, Fadela jure que l’islam s’intègre parfaitement dans le paysage français. « Pas de procès d’intention envers la République », s’il vous plaît ! Elle en veut pour preuve l’œuvre du président français Sarkozy : n’est-ce pas ce dernier qui a créé le Conseil français du culte musulman (CFCM) quand il était ministre de l’Intérieur ? Ainsi, lorsque Dominique Voynet tente de rappeler qu’il est difficile d’obtenir un permis de construire pour une mosquée, Fadela rétorque immédiatement que c’est faux, que des mosquées, il y en a partout en France, et que, d’ailleurs, les musulmans français devraient être plus reconnaissants envers leur pays, le seul, dit-elle, qui peut « émanciper l’islam »…

Malgré le combat – très respectable – de Fadela pour la liberté, une chose me chiffonne. Elle a battu tout le monde sur le terrain de l’éloge du chef. « Plus royaliste que le roi », Fadela ? En multipliant les hommages à son bienfaiteur suprême, elle perd en crédibilité. Plus elle se fait l’avocate de la France « de souche », plus elle tombe dans le travers arabo-musulman de l’allégeance au pouvoir. Et ce n’est pas le meilleur service que l’on puisse rendre à la République : à force de flagorneries, celle-ci pourrait devenir bananière ! 

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