Dernier « moonwalk » de Casablanca à Dubaï
Michael Jackson : roi de la pop, roi de l’Afrique
Rafales de SMS, ce soir du 25 juin : « Michael Jackson est mort ». À Casablanca, Alger, Tunis, au Caire et à Beyrouth, partout la nouvelle se propage, d’est en ouest du monde arabe, du golfe Persique à la Côte atlantique.
« Le choc ! raconte Moeat, un jeune Marrakchi de 23 ans. Je n’y ai pas cru. » Lui aussi a bombardé ses amis de textos pour relayer l’information. Partout, les fans ont entamé leur travail de deuil. À plusieurs, entre copains, ou seuls, à réécouter sans se lasser les tubes du Roi de la pop. Dans les magasins, les cafés et les boîtes de nuit, les plus gros succès du chanteur défunt tournent en boucle.
À Tunis, qui a abrité en 1996 le seul concert de Michael Jackson dans le monde arabe et où s’étaient pressées à l’époque plus de 60 000 personnes, les cœurs sont particulièrement serrés. Dès le 26 juin, l’artisan de ce show resté dans les mémoires, le producteur tunisien Tarak Ben Ammar, disait sa colère au micro d’une radio française, convaincu de la responsabilité des médecins dans la mort de Michael Jackson.
Sur le réseau social Facebook, ceux qui réclamaient le retour de la star en terre tunisienne lors de sa nouvelle tournée ont vu tous leurs espoirs s’effondrer. Un quotidien national a même rapporté le suicide d’une « jeune fan ». Dans le week-end qui a suivi la nouvelle de la mort de Michael Jackson, une centaine de personnes se sont retrouvées aux abords du stade El-Menzah où avait eu lieu le concert de 1996, histoire d’esquisser quelques pas de « moonwalk » et de partager le deuil en musique. Même réaction à Beyrouth où, bougies en main et tubes repris en chœur, les fans se sont rassemblés au lendemain de la disparition de la pop star.
Bien sûr, nulle comparaison possible avec l’ampleur des hommages collectifs en Europe ou aux États-Unis, qui drainent des milliers de fans éplorés. Mais une chose est sûre : jamais une star étrangère, non arabe, n’aura donné lieu à pareils témoignages publics. La rue arabe n’en a pas l’habitude. Et pourtant. Partout, les jacksonmaniaques ont voulu rendre à leur idole un dernier hommage, même modeste, Internet jouant le rôle de téléphone arabe.
Moeat a ainsi lancé, via Facebook, l’idée d’une veillée sur la place Guéliz de Marrakech, pour « montrer au monde entier that Morocco cares about Michael » (sic). L’idée a fait des émules à Casa, où pareil rassemblement était convoqué le même soir, place Mohammed-V. Pourtant, « des gens m’ont critiqué, disant que c’était contraire à l’islam », raconte Moeat, qui n’en a eu cure. Trois jours avant l’événement, vingt-cinq personnes lui avaient confirmé leur venue à Marrakech. Plus d’une quarantaine d’autres s’étaient inscrites pour la veillée de Casablanca.
Pas de rassemblements publics en revanche, à Alger, où ceux-ci sont de facto interdits ; le pays étant toujours en état d’urgence. Mais, au bas de certains immeubles, le « moonwalk » a refait des adeptes, comme au temps des années 1980, lorsque les tubes de Bambi envahissaient les ondes de la radio nationale et – surtout – les étals de cassettes piratées. « Les Algériens sont tous fous de lui, explique Nazim, un jeune avocat de 27 ans, fan depuis une dizaine d’années. Si je n’écoute pas du Michael Jackson au moins une fois par jour, je ne suis pas bien. » Avec ses amis, il avait d’ailleurs d’emblée réservé sa soirée du 1er juillet pour une virée au Pacha Club. La discothèque de l’hôtel Saint-Georges rendait un hommage à la star, avec un DJ aux manettes. Les (rares) autres lieux branchés de la capitale se sont tous mis au diapason, avec des soirées spéciales programmées à la dernière minute. Comme dans toutes les discothèques du Maghreb et du monde arabe. Jusqu’à Dubaï, où les DJ ont enchaîné mix et remix de « Thriller », « Billie Jean », « Bad » et autre « Black or White ».
Toujours dans le Golfe, le fils du roi de Bahreïn, Cheikh Abdullah Ibn Hamad Al Khalifa, a fait publier un communiqué dans le Gulf Daily News : « Le monde a perdu un géant de la musique. » Pas rancunier, l’ancien associé malheureux de Michael Jackson, qui avait hébergé et financé la star en 2005 et 2006 (avant de lui intenter un procès en 2008). Ne manque plus qu’un mausolée pour sanctifier le Roi de la pop, mais ce sera bientôt chose faite. Le milliardaire égyptien Mohamed Al Fayed a annoncé son intention d’ériger un mémorial à sa gloire au cœur du magasin Harrods de Londres, dont il est le propriétaire.
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