Dilma, l’élue de Lula
Le président brésilien l’a mise sur orbite pour lui succéder en 2011. Cette femme au caractère bien trempé, qui lutte contre un cancer, gagne peu à peu en popularité.
À 61 ans, Dilma Roussef mène deux combats : l’un pour devenir la première présidente du Brésil en 2011, l’autre pour vaincre le cancer qu’elle a rendu public au mois d’avril.
En novembre 2008, le président « Lula » da Silva l’avait désignée pour lui succéder comme candidate du Parti des travailleurs (PT) mais, depuis quelques semaines, celle qui est déjà, en tant que chef de la « Maison civile », une sorte de Premier ministre a dû ralentir le rythme de ses déplacements aux quatre coins de son pays-continent. La chimiothérapie l’oblige à porter une perruque. Mais elle se bat comme elle a combattu, jadis, la dictature militaire.
Née en décembre 1947 à Belo Horizonte, d’un père d’origine bulgare, avocat et communiste, elle se cabre contre le coup d’État militaire de 1964 et entre en clandestinité quatre ans plus tard, à 20 ans à peine. Puis, participe à un casse de 2,5 millions de dollars. « Nous voulions sauver le monde », plaide-t-elle aujourd’hui. Elle paiera cher cet idéalisme : arrêtée en 1970, Dilma sera torturée vingt-deux jours durant et purgera une peine de quatre ans de prison.
Le retour à la démocratie lui fait retrouver le chemin de la politique. Sans jamais se présenter à une élection, elle se voit attribuer la responsabilité ministérielle des Mines et de l’Énergie de l’État méridional du Rio Grande do Sul. En 2003, Lula lui confie le même portefeuille à l’échelle nationale.
En 2005, sa probité la propulse à la Maison civile, alors que plusieurs proches de Lula, accusés de corruption, quittent le gouvernement. Trois ans plus tard, le président charge cette économiste de formation du « Plan d’accélération de la croissance » et des grands travaux d’infrastructures antirécession.
Devancée dans les sondages
Lula misait aussi sur Marta Suplicy, l’ancienne ministre du Tourisme. Mais celle-ci ayant piteusement échoué à emporter la mairie de São Paulo, en octobre 2008, Dilma reste seule en lice.
Ses atouts ? L’immense popularité du président (81 % d’opinions favorables) et son soutien sans faille. « Je voudrais que, après moi le Brésil soit gouverné par une femme », clame-t-il. Résultat : la moitié des personnes interrogées se déclarent prêtes à voter pour sa candidate.
Ses handicaps ? Elle n’a jamais été élue et dispose de peu d’appuis au sein du PT. José Serra, son futur adversaire social-démocrate (PSDB) la devance de vingt points dans les sondages.
Mais elle progresse à chaque nouvelle enquête d’opinion. L’annonce de son cancer a contribué à faire connaître et à humaniser celle que l’on disait « durona » (brutale).
Certains spéculent sur une modification de la Constitution qui permettrait à Lula de se représenter une troisième fois. Une hypothèse dont l’intéressé ne veut pas entendre parler : « Pour la présidentielle, il n’y a ni plan B ni plan C, mais un plan D… comme Dilma. »
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