Bye-bye Bagdad

Depuis le 30 juin, le retrait des troupes américaines des villes irakiennes est effectif. Un départ diversement accueilli par la population.

Publié le 7 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Selon Nouri al-Maliki, le retrait des troupes américaines des villes irakiennes, effectif depuis le 30 juin, marque un tournant pour le pays. Le Premier ministre irakien a appelé la nation à fêter cet événement comme il se doit. Mais à travers le pays, ce retrait est accueilli avec un mélange d’appréhension, de fierté et d’incrédulité. « Je ferai la fête lorsque mon pays sera en paix », déclare ainsi Salah al-Jbory, un chef de tribu résidant à Dora, un quartier de l’ouest de Bagdad. « Je ferai la fête, poursuit-il, quand il y aura de l’électricité et de l’eau potable, quand les gens pourront aller au parc en toute sécurité, quand les gamins des rues seront propres et porteront des habits neufs, quand tout un chacun pourra gagner sa vie. »

Certains Irakiens considèrent au contraire la date du 30 juin comme une sorte de jour de l’indépendance. « Le 30 juin sera célébré comme un anniversaire de mariage, se réjouit le major Abdelamir al-Zaïdi, commandant de la 11e division de l’armée irakienne, stationnée à Kirkouk, dans le Nord. C’est une victoire pour tous les Irakiens, une fête nationale. » Un sentiment qui est loin d’être partagé par tout le monde. La violence a atteint de nouveaux pics ces derniers jours, notamment à Kirkouk et dans le quartier chiite de Sadr City, où l’on a dénombré plus de deux cents morts. « Nous ne sommes pas heureux aujourd’hui, déclare Abou Nour, un étudiant habitant à Ur, un quartier du nord-ouest de Bagdad. Pourquoi le serions-nous ? Nous savons que ça va dégénérer au bout d’une semaine. Tout le monde sait que les miliciens se tiennent prêts à sortir de leurs cachettes dès qu’ils le pourront. »

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De fait, de nombreux Irakiens ont fini par considérer la présence des soldats américains comme un mal nécessaire. Leurs énormes blindés arrachent souvent des câbles électriques, provoquent des embouteillages monstres et brouillent le signal des téléphones portables. « Une bagatelle comparée à la sécurité », admet Abou Nour. À quelques kilomètres de là, au cœur de Bagdad, théâtre de fréquentes attaques, Ala Abdelmajid, un officier de police installé à un poste de contrôle aux allures de mini-bunker, regarde les voitures passer. « Les Irakiens sont capables d’assurer leur propre sécurité », dit-il, confiant, avant de se reprendre : « Du moins 80 % à 90 % d’entre eux. » Il est heureux de voir les Américains partir, même s’il estime que leur présence a été plus profitable que nuisible. Ils ont fourni des uniformes aux forces de sécurité nationales, des pièces détachées automobiles et des générateurs pour les commissariats. Si les craintes d’un regain de violence se vérifiaient, les Irakiens résisteront du mieux qu’ils peuvent avec les moyens dont ils disposent. « Nous manquons d’équipement, nous n’avons pas de radios », explique Ala, avant de lâcher, sur un ton soudainement plus grave : « Si quelqu’un vient ici de nuit et nous tue, personne n’en saura rien. »

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