La politique en chantant
Les messages à la gloire des dirigeants politiques scandés par les artistes au fil de leurs chansons sont désormais interdits par les autorités.
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Vital Kamerhe le pacificateur », « Joseph Kabila le très grand », « Jean-Pierre Bemba le très fort » : à la fin du mois, ces panégyriques que les chanteurs congolais glissent dans leurs morceaux en échange d’une bienveillance sonnante et trébuchante n’auront plus droit de cité à la radio et à la télévision. Le 25 avril, Lambert Mende, le ministre de la Communication, a écrit aux patrons de médias pour leur demander de cesser de diffuser, dans les trois mois, des chansons comportant des citations aux « autorités et personnes revêtues de mandats publics ». En RD Congo, la technique de la citation chantée – qui, outre des centaines, voire des milliers de dollars, peut rapporter un 4×4, des billets d’avion, une maison – porte un nom : le libanga, la « pierre » en lingala (mabanga au pluriel). Consistant donc à « jeter la pierre » (mais une pierre qui flatte), c’est une pratique à la fois ancienne et répandue. Koffi Olomidé, Werrason, Papa Wemba : tous, même les grands, remercient leurs mécènes, quand ils ne cherchent pas à les attirer. Dans un contexte de marasme économique, la ficelle est même devenue une source importante de financement.
Alors, pourquoi cette interdiction ? Dans son courrier, Lambert Mende se réfère à une décision identique prise en 2005 par la Commission nationale de censure des chansons et des spectacles. « Nous avons reçu beaucoup de plaintes d’hommes politiques cités qui n’ont pas été sollicités, ajoute-t-il. Et puis, c’est une forme de publicité qui échappe au fisc. » Et de préciser : « L’interdiction ne s’applique qu’aux médias, mon champ de compétences. La production artistique placée sous la tutelle de la Culture, n’est pas concernée. » Mais à quoi bon produire un tube qui ne peut être diffusé ? Les chanteurs, qui reconnaissent certaines dérives, s’estiment plutôt victimes d’un oukase des oubliés des mabanga.
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