Anciens ministres, futurs prévenus ?

Entre sanction politique et traque judiciaire, équilibre ethnique et régional, la composition du nouveau gouvernement relève encore une fois d’un dosage délicat. Parmi les sortants, quelques-uns iront droit devant les juges.

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 6 juillet 2009 Lecture : 3 minutes.

Depuis quelques semaines, la rumeur persistait, entretenant l’habituel suspense hitchcockien qui précède les remaniements ministériels au Cameroun. Le 30 juin à 17 heures, un journaliste a lu à la radio, comme il est désormais de coutume, un « texte du chef de l’État ». Pour les Camerounais scotchés à leur transistor, la configuration du gouvernement est un indicateur majeur du respect des grands équilibres ethniques et régionaux, de la représentation des entités linguistiques, du partage du pouvoir au sein de la majorité et même de la participation des grandes familles à l’exercice du pouvoir. Engagée en 2006, l’action du chef de l’État destinée à lutter contre la corruption et les détournements de deniers publics est régulièrement jugée au nombre de ministres congédiés, et donc susceptibles d’être pris dans les mailles de l’opération Épervier. 

Affaire albatros

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Sans grande surprise, Ephraïm Inoni, Premier ministre depuis le 8 décembre 2004, a été remplacé à « l’immeuble Étoile » par Philémon Yang, un magistrat anglophone de 62 ans. Auditionné le 24 juillet 2008 par le procureur de la République d’un tribunal de Yaoundé dans le cadre de l’affaire « Albatros », l’ex-Premier ministre paraissait en sursis. Révélé au moment où cet administrateur civil occupait le poste de secrétaire général adjoint de la présidence de la République, le scandale de l’achat avorté d’un avion présidentiel a déjà conduit Jean-Marie Atangana Mebara, alors secrétaire général de la présidence, à la prison de Kondengui, où il attend d’être présenté à ses juges.

Que le ministre de la Défense, Rémy Ze Meka, autre poids lourd de l’exécutif, ait été éconduit par le locataire du Palais d’Etoudi n’est pas une surprise non plus. On pourrait mettre à son passif les revers de l’armée face aux rebelles du delta du Niger à Bakassi, mais surtout l’affaire du vrai-faux coup d’État, qui a valu à une quinzaine d’officiers et de sous-officiers d’être maintenus en détention du 17 octobre 2007 au 15 avril 2008, avant d’être élargis à l’issue d’une grève de la faim. Ze Meka est donc remplacé par son rival Edgar Alain Mebe Ngo’o, jusqu’ici patron de la police.

En revanche, Jean-Pierre Biyiti Bi Essam, journaliste nommé ministre de la Communication en septembre 2007, n’a pas connu le sort que ses anciens confrères lui prédisaient. La justice populaire veut des têtes mais devra attendre pour voir Biyiti comparaître. Auditionné lui aussi par les autorités judiciaires pour avoir déposé de l’argent public sur son compte bancaire personnel, il a finalement été muté au ministère des Postes et Télécommunications, où il remplace Bello Bouba Maïgari. Leader de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), cet ancien adversaire politique rallié à Paul Biya va aux Transports.

Le partage du pouvoir expliquerait également le retour du tenace et enjoué Issa Tchiroma comme ministre de la Communication. Ancien complice de Bello Bouba et tribun issu du Grand Nord, il est récompensé pour son engagement en faveur de la suppression de la limitation des mandats voulue par Biya en 2008. 

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Quatre femmes arrivent

On note le retour d’anciens de la galaxie Biya tels que Martin Belinga Eboutou, comme directeur du cabinet civil de la présidence, et Ferdinand Léopold Oyono, ambassadeur itinérant.

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Haounaye Gounoko (Transports), Haman Adama (Éducation de base), Augustin Edjoa (Sports), Jean-Bernard Sindeu (Eau et Énergie) et Suzanne Mbomback (Promotion de la femme et famille) font leurs cartons. En revanche, on enregistre l’entrée de quatre femmes : Marie-Thérèse Abena Ondoa (Promotion de la femme et de la famille), Alim Youssouf (Éducation de base), Clémentine Antoinette Ananga Messina (ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture) et Moumouna Foutsou (secrétaire d’État aux Enseignements secondaires).

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