En coulisses
« Soyez les bienvenus, mais… »
Mouammar Kadhafi sait recevoir. Pendant le sommet, les navettes par avion étaient gratuites entre Tripoli et Syrte. Dans l’énorme complexe de Syrte, dit « Centre de conférences de Ouagadougou », le thé, les dattes et les petits gâteaux étaient servis à jet continu aux centaines de délégués qui naviguaient entre trois amphithéâtres luxueux. Le « Guide », lui, se déplaçait à l’intérieur du bâtiment de marbre à bord d’une voiturette de golf conduite par l’un de ses gardes du corps…
Mais cette hospitalité avait un prix. Le 28 juin, dès le premier jour du Conseil exécutif réservé ordinairement aux ministres des Affaires étrangères, le numéro un libyen s’est invité dans la salle de réunions pour essayer d’imposer à ses hôtes plusieurs abandons de souveraineté (défense, affaires étrangères) au profit de l’UA. Le lendemain, même scénario. Comme le document libyen sur ces abandons était rejeté par la majorité des délégués, il s’est emparé du marteau du président de séance et a frappé la table en déclarant : « Le document est adopté ! » Évidemment, aucun ministre n’a osé le contredire. Finalement, deux jours plus tard, ce sont les chefs d’État qui ont ramené le « Guide » à la raison.
« Je vais te broyer »
C’est connu, Kadhafi n’aime pas qu’on lui résiste. Lors du 12e sommet de l’UA, en février, à Addis-Abeba, l’Ougandais Yoweri Museveni l’avait défié à deux reprises. Réaction du « Guide » : « Celui-là, je le détruirai comme j’ai détruit Mbeki [l’ex-président sud-africain]. » Le chef de l’État ougandais a préféré ne pas venir à Syrte…
Il y a quelques semaines, lors d’une conversation privée, le Libyen a lancé à un dignitaire de l’UA : « Je vais te broyer ! » Le diplomate : « Vous n’allez quand même pas perdre votre temps à broyer un cadavre ! » Et Kadhafi de partir d’un grand éclat de rire. L’humour, ça marche…
