Comment arrêter Tandja

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Publié le 6 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Tel l’arapède, ce coquillage méditerranéen réputé indélogeable du rocher sur lequel il a élu domicile, le président nigérien Mamadou Tandja s’accroche comme un forcené à son poste. Pour s’éterniser au pouvoir, tous les moyens sont bons. Les petits arrangements entre amis, les pressions diverses, mais aussi les entorses les plus graves aux règles démocratiques et institutionnelles. Il avait pourtant juré la main sur le cœur, et devant Nicolas Sarkozy, qu’il ne toucherait jamais à la Constitution et qu’il s’en irait, comme prévu, en décembre 2009…

Faire sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats, cela devient une habitude. Tandja emprunte le même chemin que Blaise Compaoré, feu Omar Bongo Ondimba, Lansana Conté, Yoweri Museveni, Idriss Déby Itno, Zine el-Abidine Ben Ali, Paul Biya ou Abdelaziz Bouteflika. Avec le même argument en guise de justification : finir l’« immense » travail entamé et ne pas laisser le pays, si « fragile », entre des mains pas suffisamment expertes…

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Mais, à la différence de la plupart de ses prédécesseurs sur cette voie décidément très en vogue de la « prolongation », Tandja n’a pas su créer un consensus autour de sa volonté de conserver son fauteuil de président, ni convaincre les Nigériens. Comme le Nigérian Olusegun Obasanjo ou le Béninois Mathieu Kérékou en leur temps. Mais eux, au moins, avaient su accepter l’échec de leur tentative et ne pas mettre en péril la stabilité de leur pays pour accomplir leur dessein. Face à la levée de boucliers des politiques et de la société civile, Tandja a fait le choix – ô combien risqué pour son pays – de l’épreuve de force. Il s’est mué en dictateur. Dissolution de la Cour constitutionnelle et de l’Assemblée nationale coupables, purge au sein du gouvernement (huit ministres débarqués), médias « hostiles » suspendus, pleins pouvoirs auto-octroyés, arrestations arbitraires… L’État de droit n’est plus qu’une chimère au Niger.

Face à l’entêtement de Tandja, l’opposition semble pour l’instant démunie. Il est peu probable qu’elle parvienne à masser des milliers de manifestants dans les rues. Comme en Mauritanie, après le putsch mené par le général Ould Abdelaziz, seule la pression de la communauté internationale pourrait influer sur le cours des événements et éviter une crise dont le Niger n’a pas franchement besoin. Uranium ou pas, la France, qui éprouve les pires difficultés à masquer son embarras, serait bien inspirée de montrer l’exemple…

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