Courrier des lecteurs

Publié le 30 juin 2009 Lecture : 4 minutes.

L’absence du chef

– Par son éditorial « L’absence du chef », que j’ai beaucoup apprécié (J.A. n° 2522), Marwane Ben Yahmed ouvre l’un des débats qui passionnent l’establishment africain : l’absence longue et/ou répétée d’un chef affecte-t-elle le bon fonctionnement de l’État ? Est-elle un test de stabilité politique ? Pour le cas du président Ben Ali, je voudrais ajouter la remarque suivante.

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Ben Ali ne franchit que rarement les frontières de son pays parce qu’il est totalement voué aux affaires intérieures. Cela ne veut pas dire qu’il est isolationniste, car il pèse de tout son poids dans les affaires étrangères. Il ne faut pas oublier le rôle qu’il a joué en personne entre la Libye et les États-Unis. Le succès de cette médiation a changé le cours des événements dans toute la région. À l’opposé, les absences répétées de Mouammar Kadhafi de son pays montrent que ce dernier est plus passionné de politique étrangère que de politique intérieure. Mais, dans le cas de la Tunisie comme dans celui de la Libye, la stabilité est assurée.

Fathi Tounakti, Hammam Lif, Tunisie

Question de démocratie

– Merci pour le travail merveilleux de J.A., un travail d’investigation et d’information sur le fond, non seulement pour les Africains restés sur le continent mais aussi pour nous qui sommes à l’étranger. Je suis un peu choqué par cette histoire de changement de Constitution par référendum au Niger, comme ça a été le cas si souvent dans d’autres pays. Voici ma réaction à l’article « Jusqu’où ira Tandja ? » (J.A. n° 2526).

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Des arguments du genre : « permettre au président de la République de parachever les nombreux chantiers à travers le pays » ne peuvent que traduire le sentiment du chef d’être indispensable. Et pourtant aucun homme n’est indispensable, tout président qu’il soit ! Mamadou Tandja est arrivé au pouvoir par le biais de cette même Constitution qu’il juge désuète aujourd’hui parce qu’il découvre, à l’approche du terme de son mandat, « qu’elle s’est fermée à l’évolution de la société nigérienne ». En Afrique, la Constitution n’est-elle bonne que lorsqu’elle est au service du président et de ses affidés ?

Anatole Diretenadji, Rome, Italie

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Adieu papa Bongo Ondimba, le grand Téké

– À propos de la mort du président Omar Bongo, je dirai ceci : la France a, comme les États-Unis d’Amérique, la Belgique et d’autres pays colonisateurs, instauré une politique opportuniste et cynique en Afrique. Après avoir brisé la résistance des anciennes colonies, ils sont parvenus à s’entendre avec les dictateurs pour maintenir leur influence sur le commerce des minerais et du pétrole. Malgré cela, Omar Bongo nous a prouvé que il fut non seulement un bon président mais aussi un bon chef d’État. Il a créé au Gabon une culture politique qui, après sa mort, fera en sorte que la stabilité et la non-violence seront toujours présentes dans ce pays. Adieu ! papa Bongo Ondimba, le grand Téké.

Willy Petembue Kabula, Amsterdam, Pays-Bas

Un numéro qui fera date

– Lorsque l’art de l’écriture confine à l’excellence, on ne peut que féliciter les talents et les plumes expertes qui se sont associés pour remplir un devoir de mémoire et accoucher d’un numéro qui fera date : le J.A. n° 2527 sur la mort d’Omar Bongo, que je me propose de faire connaître du côté de Yaoundé, au pays de mon épouse camerounaise.

Ce qu’il y a d’extraordinaire dans cette œuvre commune, c’est l’enthousiasme au travail que la rédaction a fourni, sur 24 pages, pour retracer quarante-deux ans d’une vie politique tellement remplie que l’on se demande si l’affirmation selon laquelle personne n’est irremplaçable peut ici s’appliquer. Inutile de vous dire que dans notre ville de quelque 35 000 habitants les kiosques qui proposent J.A. s’en sont rapidement trouvés démunis.

Christian Schnyder, Neuchâtel, Suisse

Réponses à Valéry Giscard d’Estaing et Eva Joly

– Pour voir vécu de 1959 à 1985 au Gabon, je suis choqué par les déclarations faites par deux médisants (voir « Ils ont dit » J.A. n° 2527) au moment du décès d’un chef d’État qui, s’il avait des défauts, avait aussi ses qualités et a su maintenir paix et unité dans son pays. À Valéry Giscard d’Estaing [qui, après avoir « appris que Bongo soutenait financièrement Chirac », a rompu ses relations avec lui, NDLR], je répondrais ce qui suit. Peut-être que Bongo, moins instruit, avait une intelligence plus développée lui permettant d’analyser et de savoir plus rapidement à qui il avait affaire pour arrêter son choix. Je l’ai connu simple, sans prétention, sans orgueil ni pédantisme.

Et voici ma deuxième réponse à Eva Joly [qui a déclaré que « La France a une grande dette envers le Gabon pour avoir maintenu au pouvoir pendant toutes ces années M. Bongo », NDLR] : peut-être aurait-elle préféré des guerres civiles et des effusions de sang, comme cela s’est passé dans d’autres pays d’Afrique ?

Jack Ducher, Audenge, France

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