Lutter contre le sida : une priorité
Devenue une menace majeure, la pandémie pousse les entreprises à mener, avec les ONG, des actions d’éducation et de prévention auprès de leurs salariés.
Absentéisme, décès, perte de compétences… Les conséquences du VIH frappent durement le capital humain des entreprises implantées en Afrique au point de réduire leur productivité. La banque britannique Standard Chartered a ainsi constaté que 10 % des absences de ses employés étaient liées au sida dans certaines de ses filiales africaines. Sur un plan national, l’Onusida estimait en 2002 que la croissance annuelle du PIB d’un pays dont le taux de prévalence du virus du sida est de 20 % chutait en moyenne de 2,6 %. « La prise de conscience des ravages de la maladie sur le tissu économique des pays ne peut qu’inciter les chefs d’entreprises à agir », déclarait en 2007 Alain Viry, PDG de CFAO, distributeur d’automobiles et de biens de consommation sur l’Afrique.
Incitation au dépistage
Suivant les conseils de l’Organisation internationale du travail (OIT), les multinationales privilégient ainsi, en partenariat avec les ONG, des relais internes pour mener des actions de sensibilisation sur la maladie. Les ONG prennent en charge la formation de « pairs-éducateurs » voués à faire passer le message au sein du personnel et la gestion des programmes de dépistage. Outre leur expertise, « les ONG ont l’avantage de garantir la confidentialité des informations recueillies », souligne Sophie Stepanoff, directrice du développement de l’association Sida-Entreprises. Le groupe Lafarge collabore ainsi avec Care International. Et au sein de la Standard Bank, 750 « champions du bien-être », eux-mêmes malades, incitent leurs collègues à se faire dépister, puis soigner. Attention, « une politique de prévention du sida ne peut fonctionner que s’il règne un bon climat social dans l’entreprise », prévient Sophie Stepanoff. Or « ces politiques volontaristes peinent parfois à se concrétiser. La discrimination des salariés séropositifs existe toujours, y compris dans les multinationales engagées dans des programmes de prévention », regrette Abdoulaye Soumana Sambo, directeur de l’ONG nigérienne Mieux vivre avec le sida. Sophie Stepanoff note toutefois « une amélioration de la situation ces dernières années, notamment depuis que les traitements antirétroviraux sont accessibles et que les assurances privées souscrites par les entreprises pour leurs salariés n’excluent plus systématiquement les séropositifs ».
Pour accroître leur impact sanitaire, les multinationales étendent ce type de démarche à leurs sous-traitants et aux populations riveraines. Selon Rob Donnelly, vice-président santé du pétrolier Shell, « le risque sida est aujourd’hui plus grand chez les prestataires et leurs familles, qui bénéficient d’une moindre qualité de soins que les salariés des grands groupes ». Pour y remédier, beaucoup de multinationales, à l’image de Gap ou Levi’s au Lesotho, exigent désormais que le personnel sous-traitant respecte un cahier des charges de lutte contre le VIH.
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