Le Bima fait son paquetage

Après trente-deux ans de présence à Abidjan, le 43e Bataillon d’infanterie de marine a définitivement quitté Port-Bouët.

Publié le 29 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est fait ! La base militaire d’Abidjan n’existe plus. Seize mois après l’annonce par Nicolas Sarkozy de la refonte du dispositif militaire français en Afrique, le 43e Bataillon d’infanterie de marine (Bima) a été dissous le 4 juin à Abidjan, au cours d’une cérémonie officielle, sobre et intimiste, presque clandestine. À mille lieues du faste qu’aurait dû revêtir un tel événement.

La disparition de cette unité tourne une page importante de l’histoire des relations entre la France et la Côte d’Ivoire. Loin des micros et des caméras, en présence d’André Janier, l’ambassadeur de France, le drapeau bleu, noir, jaune aux neuf palmes du 43e Bima a reçu les honneurs avant d’être replié. Il sera désormais rangé aux services historiques de l’armée française, au château de Vincennes près de Paris, après avoir flotté pendant trente-deux ans (de 1978 à 2009) en Côte d’Ivoire. Héritier du 43e régiment d’infanterie coloniale, créé le 2 août 1914, ce bataillon symbolisait les liens entre la France et la Côte d’Ivoire. La présence militaire française était bien visible dans la commune de Port-Bouët, dont la maire, Hortense Aka-Anghui, était, depuis vingt ans, la marraine du camp. Elle était d’ailleurs le seul officiel ivoirien présent lors de la cérémonie. La présence militaire a beaucoup profité aux habitants de Port-Bouët, qui bénéficiaient de tous les avantages de leur proximité avec le camp, notamment de son centre médical, aujourd’hui fermé.

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En 2002, lors de l’installation d’une base de soutien inter­armées en Côte d’Ivoire (BSIA), le 43e Bima se joint à ce dispositif pour participer à l’opération Licorne. Aujourd’hui les 450 éléments du « 43e » se sont fondus dans le bataillon Licorne (sous mandat de l’ONU), qui est désormais la seule entité militaire française en Côte d’Ivoire. Elle ne compte plus que 923 hommes contre 5 000 en 2004 au plus fort de la crise.

Comment vont maintenant évoluer les relations bilatérales militaires entre la France et la Côte d’Ivoire ? Les autorités ivoiriennes ont déjà la réponse. Elles ont confié leurs programmes de formations militaires à des instructeurs sud-africains. « Jusqu’en 2001, le ministère de la Défense ne travaillait qu’avec des coopérants militaires français et la plupart de nos exercices étaient montés avec nos frères d’armes du Bima », confie un officier ivoirien. Après le Cameroun, la Côte d’Ivoire prépare également la renégociation des accords de défense bilatéraux, signés en 1963. Depuis le déclenchement de la rébellion en septembre 2002, l’influence française se réduit comme peau de chagrin, et la France a été progressivement mise à l’écart dans le processus de paix en cours. La sortie de Nicolas Sarkozy à Libreville, le 16 juin dernier, risque encore d’accélérer le divorce. Le président français a émis des réserves quant à l’organisation des élections le 29 novembre prochain, précisant que les forces françaises n’avaient pas pour vocation de servir de substitut à des processus électoraux défaillants. Les officiels ivoiriens n’ont pas réagi. Mais, à l’évidence, cette déclaration a jeté un froid sur les relations franco-ivoiriennes. C’est dans ce contexte de regain de tension que Jean-Michel Simon, le nouvel ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, a pris ses fonctions le 25 juin. 

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