Chiluba à la barre

L’ex-chef de l’État comparaît devant la justice pour détournement de fonds publics.

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 29 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Depuis qu’il a quitté le pouvoir en 2001, après avoir en vain tenté de modifier la Constitution afin de briguer un troisième mandat, Frederick Chiluba est devenu un habitué des prétoires. Une enquête diligentée par le gouvernement – elle a été initiée par son successeur Levy Mwanawasa, décédé l’an dernier – vient de démontrer que l’ancien président zambien a détourné quelque 500 000 dollars. La sentence sera rendue le 20 juillet.

Frederick Chiluba est l’un de ces personnages qui ont une capacité extraordinaire à se tirer une balle dans le pied. Lorsqu’il accède au pouvoir le plus démocratiquement du monde en battant Kenneth Kaunda usé par vingt-sept ans de règne, l’ancien syndicaliste incarne le changement – notamment la lutte contre la corruption – auquel aspire la population. Mais plutôt que d’améliorer le niveau de vie de ses compatriotes, Chiluba consacre l’essentiel de son énergie à harceler son prédécesseur, qu’il n’hésitera pas à embastiller ou à déclarer apatride. Les affaires de corruption se multiplient et le pouvoir se délite. 

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Goût du luxe

Ce qui a irrémédiablement terni son image c’est, avant tout, ce goût immodéré du luxe. Quand il était aux affaires, ses revenus annuels s’élevaient officiellement à moins de 100 000 dollars. Or il était capable de dépenser plusieurs dizaines de milliers de dollars dans une seule boutique de Genève. Rien que pour assouvir son penchant pour les vêtements de marque et les chaussures sur mesure – il en possède plus d’une centaine de paires – en peau de lézard vert jade, en daim bordeaux ou en autruche crème, sans parler des cravates griffées, des pyjamas et robes de chambre en soie. Dans un témoignage, le propriétaire de la boutique helvétique où Chiluba faisait ses courses a confirmé cette fièvre acheteuse, ajoutant que les paiements lui parvenaient quelquefois par valises entières pleines de billets de banque. Ces coûteuses emplettes ont, depuis, été examinées par une commission zambienne chargée de lutter contre la corruption. Elles démontrent à quel point l’ancien président, humble et droit à ses débuts, avait peu à peu fait du paraître un véritable mode de vie dans un pays où le commun des mortels doit se débrouiller pour survivre avec à peine 1 dollar par jour.

En 2007, un tribunal de Londres avait déjà poursuivi Frederick Chiluba pour détournement de fonds publics. Il lui reprochait d’être titulaire d’un compte bancaire domicilié dans un établissement de la City sur lequel 57 millions de dollars avaient été déposés. En mars, sa femme, Regina, avait été condamnée à une peine de prison pour détournement de fonds. Chiluba a toujours rejeté les accusations portées contre lui, allant jusqu’à affirmer qu’il s’habille de façon chic « depuis les années 1960 ».

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