Enquête : la drôle de paix d’Orascom et Orange

Le rachat de Mobinil par le français en mai 2012 marque la fin d’un bras de fer de cinq années avec le groupe de Naguib Sawiris, son partenaire local.

FranceTélécom détient 94 % de l’opérateur et 100 % de son holding. © Fabiano/Sipa

FranceTélécom détient 94 % de l’opérateur et 100 % de son holding. © Fabiano/Sipa

Publié le 8 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.

Conclu pour 1,5 milliard d’euros fin mai 2012, le rachat de Mobinil par France Télécom-Orange a figuré parmi les plus importantes opérations de fusion-acquisition de l’année sur le continent. Mais il semble avoir compté aussi parmi les plus complexes. « L’une des pires affaires que j’ai eu à traiter », commente un avocat intervenu comme conseil, manifestement soulagé d’avoir tourné la page. Il évoque pêle-mêle nuits blanches, négociations interminables et bras de fer permanent entre les deux parties… 

Depuis la création de l’opérateur égyptien en 1998, France Télécom se partageait Mobinil avec le milliardaire égyptien Naguib Sawiris, propriétaire d’Orascom Telecom puis d’Orascom Telecom Media & Technology. Le français était actionnaire majoritaire (71,25 %) du holding Mobinil, qui détenait 51 % de la société opérationnelle ECMS, cotée à la Bourse du Caire et exerçant des activités d’opérateur sous la marque Mobinil. De son côté, Orascom détenait 28,75 % du holding ainsi que 20 % d’ECMS. Un montage complexe à souhait. 

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« Sur le papier, Naguib Sawiris était le partenaire idéal, souligne toutefois Gamal Abouali, associé du cabinet d’avocats Cleary Gottlieb Steen & Hamilton (conseil d’Orascom), notamment en raison de son statut dans la communauté égyptienne des affaires. » 

Pourtant, tout se gâte fin 2007 lorsque Orascom lance une procédure d’arbitrage international visant à récupérer les parts de France Télécom « pour des raisons budgétaires », explique un cadre du groupe français. Débouté deux ans plus tard et obligé de transférer sa participation au groupe français, Naguib Sawiris fait alors tout pour retarder l’application de cette décision. Décrit comme « un très grand joueur » par une source proche du dossier, il engage une véritable partie de poker avec France Télécom. À l’époque, il va jusqu’à déclarer publiquement qu’il faudra lui « passer sur le corps » pour obtenir ses parts. « D’un caractère obstiné et intransigeant, il était prêt à tout perdre », affirme un autre témoin.
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Il semble que la personnalité de Didier Lombard, alors PDG de France Télécom, ne fût pas non plus étrangère à ces difficultés. « La mauvaise gestion du dossier Mobinil par France Télécom fait partie des raisons qui ont provoqué son départ en 2010 », va jusqu’à affirmer l’un des professionnels impliqués dans l’opération. L’arrivée de Stéphane Richard à la tête du groupe français en mars 2010 coïncide d’ailleurs avec la reprise des négociations.

Mais une autre personnalité jouera un rôle clé dans le dénouement de la transaction. À Noël 2009, France Télécom et Orascom Telecom s’entendent pour engager Vincent Le Stradic, associé de la banque d’affaires Lazard, qui se retrouve ainsi conseil financier des deux parties. Une situation pour le moins inhabituelle que ce familier des deux groupes justifie en expliquant que l’affaire aurait été « impossible » sans un « diplomate » capable de jouer les intermédiaires : « Après de longs mois de négociations, nous sommes parvenus à un compromis en avril 2010. Finalement, l’OPA annoncée en avril 2012 n’était rien d’autre que la suite de ce qui avait été négocié à l’époque. » Selon cet accord, France Télécom-Orange (qui a racheté la totalité du holding Mobinil) détient désormais 94 % d’ECMS, Orascom 5 %, tandis que 1 % reste flottant à la Bourse du Caire.

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