La bataille de l’iPhone se déroule aussi en Afrique

La baisse des prix annoncée par Apple sur les anciennes versions de son célèbre téléphone change la donne sur un marché africain que se partageaient les constructeurs traditionnels.

Publié le 24 juin 2009 Lecture : 4 minutes.

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Télécoms, à l’heure des grandes manoeuvres

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Quatre milliards d’utilisateurs de téléphones mobiles dans le monde… Ce cap symbolique a été franchi en février dernier, selon la GSM Association, qui réunit 750 opérateurs de 219 pays. L’Afrique représente près de 10 % de ce total. Mieux, pour les constructeurs, elle continue de bénéficier d’une croissance à deux chiffres alors que la crise économique a provoqué une baisse du marché mondial au premier trimestre 2009, essentiellement dans les pays industrialisés, selon le cabinet d’études de marchés Gartner. Le continent est d’autant plus intéressant pour les constructeurs de téléphones qu’il constitue l’un des derniers réservoirs de clientèle non équipée de mobile, avec un taux de pénétration moyen inférieur à 40 %, et que les achats de remplacement s’y multiplient. 

Deux approches différentes

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Reste à savoir quels mobiles vendre en Afrique. Uniquement des appareils peu chers et robustes, comme le propose LG, troisième constructeur mondial, avec le KP100 et le KP105 (environ 20 dollars) ? Ou comme les 12 millions de C113 et C113a que Motorola a écoulés, jusqu’en 2007, dans le cadre du Programme mobiles pour les marchés émergents ? Le continent sera-t-il aussi le terrain de lutte entre les iPhone, BlackBerry et autres appareils équipés de la technologie « Android » de Google, attendus comme les « iPhone Killers » ? C’est sur ces smartphones (téléphones intelligents), véritables ordinateurs de poche connectés à Internet mobile, que les fabricants concentrent leurs efforts dans les pays industrialisés. Ce segment haut de gamme est en croissance et plus rentable que celui des mobiles classiques. Il est celui qui souffre le moins de la crise, en progression de 12,7 % au premier trimestre (en volume) par rapport à la même période de 2008 quand les ventes mondiales de téléphones ont plongé de 9,4 %.

L’iPhone 3G d’Apple est enfin arrivé sur les principaux marchés africains en décembre 2008. Il n’était auparavant disponible que dans une poignée de pays à travers le monde, et les plus impatients devaient recourir au marché noir pour l’acquérir. Six mois après ce lancement africain, l’opérateur français Orange, distributeur ou codistributeur du produit sur la quasi-totalité de ses marchés, se dit « très satisfait des ventes en Afrique », bien qu’il refuse de communiquer des chiffres.

De son côté, la société nord-américaine Research In Motion (RIM) distribue le BlackBerry dans vingt-cinq pays du continent. C’est le cas depuis 2004 en Afrique du Sud, marché africain le plus équipé avec près de 100 % de taux de pénétration, et plus généralement depuis 2007 sur le reste du continent (Algérie, Kenya, Nigeria…). L’appareil, qui vise un public professionnel, a fait son entrée cette année au Burkina, en Tunisie, au Niger et au Malawi. Le « Storm », dernier né de la marque, avec écran tactile, est proposé depuis janvier en Afrique du Sud. Et là encore, « l’usage du BlackBerry croît rapidement en Afrique subsaharienne », assure le directeur régional de RIM, Deon Liebenberg, qui n’indique pas plus de données chiffrées que son confrère d’Apple. Il devra désormais compter avec la concurrence du taïwanais HTC Dream Mobile, lancé en mai en Afrique du Sud, qui embarque le système d’exploitation Android de Google. 

L’ordinateur du pauvre ?

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Aujourd’hui, les fabricants sont convaincus qu’en Afrique le mobile est parti pour suppléer l’ordinateur pour accéder à Internet, et ils font en sorte d’en convaincre aussi les usagers les moins nantis. C’est pour eux que Nokia, numéro un mondial avec 39 % du marché, vient de commercialiser les Nokia 2730 Classic, 2720 Fold et 7020, vendus environ 100 dollars. Ces téléphones offrent un accès simplifié au web « sans avoir pour cela besoin d’un ordinateur », précise Alex Lambeek, vice-président du constructeur finlandais. Même BlackBerry casse son image haut de gamme en proposant des offres prépayées destinées aux entrepreneurs pour lesquels les abonnements sont trop coûteux. Attention, néanmoins, « à ce que le mobile ne devienne pas l’ordinateur du pauvre », met en garde Annie Chéneau-Loquay, directrice de recherche au Centre national français de la recherche scientifique (CNRS) et responsable de l’Observatoire des nouvelles technologies d’information et de communication, Africa’NTI.

Or c’est justement par et pour les clients les plus pauvres que sont venues de nombreuses innovations récentes. En mai dernier, par exemple, l’opérateur koweïtien Zain a lancé Pay4Me, au Nigeria, premier marché africain. Ce service permet de demander à la personne appelée si elle accepte d’assumer le coût de la communication.

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De son côté, le fabricant chinois ZTE compte mettre en vente, en juillet, le premier téléphone low cost rechargeable à l’énergie solaire, au prix de 40 dollars.

La question du prix des équipements est évidemment particulièrement sensible dans la plupart des pays africains et les baisses de tarifs annoncées par Apple à l’occasion du lancement de l’iPhone 3G « s », le 19 juin – la version 3G de 8 gigabits passe de 199 dollars à 99 dollars aux États-Unis –, sont de nature à bousculer rapidement l’ordre établi et les idées reçues.

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