Le Maroc change en profondeur
Si l’opérateur historique reste en tête, il perd peu à peu du terrain. Et ses deux rivaux, qui reçoivent cette année le renfort de nouveaux actionnaires, vont lui donner encore plus de fil à retordre.
Télécoms, à l’heure des grandes manoeuvres
Au Maroc, le marché des télécommunications reste très dynamique. Le parc mobile, le plus important, a achevé l’année 2008 avec une nouvelle forte croissance, de 14 %, à 22,8 millions d’abonnés, soit 74 % de la population. Sur la même année, les Marocains se sont connectés à Internet avec une rapidité étonnante. Selon l’Agence nationale de régulation des télécoms (ANRT), le nombre d’internautes devrait croître de 82 % d’ici à 2012, pour atteindre les 12 millions de personnes. Les performances ont été confirmées au premier trimestre 2009, où la téléphonie – mobile et fixe confondus – a attiré près de 800 000 nouveaux clients. Et la concurrence s’accentue entre les trois opérateurs, même si Maroc Télécom, l’opérateur historique, conserve sa position de leader.
Sur le segment mobile, même si sa part de marché s’est légèrement effritée en 2008, passant de 66,5 % à 63,36 %, ce dernier – filiale du français Vivendi – reste en tête avec plus de 14,5 millions de clients à la fin mars. Même chose pour Internet, dont il détient 66,21 % du marché, principalement grâce à l’ADSL.
En revanche, il a largement perdu du terrain dans la téléphonie fixe, face à Wana. Le petit dernier des télécoms marocaines marque sans cesse plus de points avec son « fixe à mobilité restreinte ». Grâce à ce produit hybride, qui fonctionne uniquement dans la ville où il a été activé, la filiale du groupe ONA a non seulement redynamisé ce segment en perte de vitesse, mais elle détient aujourd’hui 58 % des 3 millions d’abonnés.
Wana tient également tête à Maroc Télécom dans l’Internet 3G (mobile). La croissance fulgurante de cette technologie (378 % en 2008), au détriment de l’ADSL (fixe), en fait un enjeu de taille. Et si Maroc Télécom a tardé à investir le créneau, Wana s’y est engouffré avec des offres très offensives. Exemple ? Un PC vendu 3 000 dirhams (DH, 270 euros) avec une offre prépayée. Résultat, le nouvel opérateur caracole en tête, avec 69,11 % du marché, loin devant Méditel (20,56 %) et Maroc Télécom (10,33 %).
Maroc Télécom investit 250 millions d’euros
Dans ce marché hautement concurrentiel, chacun affûte ses armes. Wana, qui souffrait d’importants problèmes de financement, a récemment procédé à une augmentation de capital. Moyennent la coquette somme de 2,85 milliards de DH, le fonds d’investissement marocain Al Ajial et l’opérateur koweïtien Zain sont entrés dans son capital à hauteur de 31 %. De quoi envisager l’avenir sous un jour meilleur.
Quant à Méditel, il s’apprête à voir son tour de table chamboulé. Ses deux actionnaires principaux, Portugal Telecom et l’espagnol Telefónica, ont mis leurs participations en vente (32 % chacun), et les prétendants se bousculent. Après l’égyptien Orascom Telecom et l’émirati Etisalat, c’est au tour du Qatari Qtel d’alimenter les rumeurs. Quel que soit le repreneur, un nouvel opérateur étranger entrera cette année dans l’arène des télécoms marocaines.
De son côté, Maroc Télécom se prépare à ce durcissement de la concurrence. L’ex-opérateur historique jouit encore d’une position confortable, qui lui laisse le temps de prospecter de nouveaux moteurs de croissance. Afin de lutter contre le désenclavement de certaines régions du Maroc, il s’est engagé à investir 2,8 milliards de DH (250 millions d’euros) dans le cadre d’un programme étatique, qui lui permettra de couvrir 7 338 localités rurales d’ici à 2011. Un important vivier de clientèle que ses concurrents ne sont pas près de lui disputer.
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