Rendez-nous nos « hôtes » !
Sur les neufs étrangers enlevés le 12 juin, huit résident dans le pays, dont cinq travaillent à l’hôpital de Saada. Les considérant comme des leurs, la population s’est mobilisée pour exiger leur libération.
Publié le 23 juin 2009 Lecture : 1 minute.
Trois jours après avoir enlevé, le 12 juin, un groupe de neuf étrangers, tous établis au Yémen et travaillant à l’hôpital de Saada (Nord), hormis un Britannique, les ravisseurs auraient exécuté trois de leurs otages : deux infirmières allemandes et une enseignante sud-coréenne. Le sort des six autres (le Britannique et cinq Allemands, dont trois enfants) était inconnu au moment où nous mettions sous presse. Sport national au Yémen, le rapt de ressortissants étrangers concerne le plus souvent des touristes. Cet enlèvement ne semble donc pas être l’œuvre d’une tribu voulant négocier quelques subsides avec l’État. Ni celle d’insurgés zaydites (une branche minoritaire du chiisme), ou de sécessionnistes sudistes.
L’assassinat des trois femmes, s’il est avéré, porte vraisemblablement la marque d’Al-Qaïda. La nébuleuse salafiste avait unifié, en janvier 2009, ses factions yéménite et saoudienne pour former Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA). Son émir, Nasser Abdelkrim al-Wahaichi, avait affiché sa stratégie de lutte contre « le pouvoir central, les croisés et les juifs » : cibler les étrangers, leurs représentations, leurs intérêts économiques et pétroliers et les responsables yéménites de la lutte antiterroriste. Pourquoi Al-Qaïda, habituée à négocier au prix fort la libération de ses otages occidentaux, s’est-elle empressée d’exécuter les trois femmes ? Cette « célérité criminelle » est peut-être une réponse à l’arrestation, le 14 juin, à Sanaa, de Hassan Hussein Ibn Alwan, financier présumé d’AQPA.
Le 17 juin, des milliers de manifestants ont défilé à Saada pour exiger la libération de leurs « hôtes » étrangers, tandis que les autorités ont promis une prime de 25 000 dollars à quiconque fournirait toute information susceptible de permettre la localisation des otages et de leurs ravisseurs.
