Très chers MRE
Cette année, encore plus que les précédentes, le royaume veut déployer le tapis rouge pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE). Principale source de devises avec le tourisme, ils vont faire l’objet de toutes les attentions pour la traditionnelle transhumance estivale. Quelque 3 millions de Marocains venus d’Europe sont attendus pour plusieurs semaines de vacances dans leur pays d’origine. Alors que certaines statistiques font état d’une chute de 15 % à 20 % des transferts de devises vers le royaume au premier semestre, les banques s’engagent à financer près de deux tiers des acquisitions de logements. L’État est lui aussi prêt à mettre la main à la poche en subventionnant, sous conditions, 10 % du montant total d’un achat dans le bâtiment.
Autre carotte financière pour inviter les MRE à rapatrier leur patrimoine, la réduction des « frais de chancellerie » pour diminuer les commissions de change de plus de 80 %. Les hôteliers se mobilisent également pour consolider une industrie touristique en phase de doute en offrant des tarifs préférentiels et des packs tout compris. Ces mesures s’ajoutent à la traditionnelle bienveillance royale qui se concrétise par l’intervention du fonds Hassan-II pour financer les équipements d’accueil (parking, aire de repos) qui jalonnent les autoroutes, de Tanger à Marrakech. Un accueil première classe, proclamé sur des centaines de banderoles de bienvenue, et qui, parfois, fait grincer des dents. « Quand les MRE débarquent avec leurs grosses voitures et leurs cartes de crédit, nous, les Marocains normaux, on a l’impression d’être des citoyens de seconde zone », grommelle Jawad, ouvrier à la zone franche de Tanger.
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