Adieu à Moumouni Djermakoye

Président de la Haute Cour de justice du Niger

Publié le 23 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Alors qu’il s’apprête, le 14 juin à Niamey, à prendre la parole lors d’un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers d’adversaires du changement de Constitution, Moumouni Adamou Djermakoye, 70 ans, colonel à la retraite et chef de l’Alliance nigérienne pour la démocratie et le progrès (ANDP-Zaman Lahiya), est terrassé par une crise cardiaque. Évacué vers l’hôpital central de Niamey, il décède trente minutes plus tard. La disparition prématurée de cette figure nationale a tétanisé la classe politique. D’autant qu’elle survient dans des circonstances particulièrement tendues, suite à la décision prise par le président Mamadou Tandja d’organiser un référendum, le 4 août 2009, pour obtenir une prolongation de son mandat. Il est vrai que le défunt fut un acteur politique déterminant au cours des trois dernières décennies. Ancien compagnon d’armes de Tandja, il n’a jamais eu de relations simples avec le chef de l’État.

Moumouni Adamou est né le 22 mai 1939 à Dossou au sein de la famille Djermakoye, littéralement « roi des Djermas ». Avoir du sang royal dans les veines, cela aide pour faire une carrière militaire. Moumouni Adamou avance en grade plus rapidement que son camarade de promotion Mamadou Tandja, un « roturier » de l’ethnie kanurie Ce qui n’empêche pas les deux officiers d’entretenir d’excellentes relations. Tous deux participent au putsch dirigé par le colonel Seyni Kountché qui renverse le président Hamani Diori en 1974. Moumouni Adamou Djermakoye hérite du portefeuille des Affaires étrangères alors que Mamadou Tandja doit se « contenter » de celui de l’Intérieur. Tous deux caressent déjà le même rêve : occuper le fauteuil présidentiel. Leur compagnonnage au sein du gouvernement dure une dizaine d’années, et ils quittent l’exécutif au même moment. Moumouni prend la direction de New York et Mamadou est versé dans le corps préfectoral avant d’être lui aussi nommé ambassadeur. L’introduction, en 1992, du multipartisme constitue aux yeux des deux hommes la chance de concrétiser leurs ambitions nationales. Mais ils ont la même idée : parvenir au pouvoir en contrôlant l’appareil du MNSD, l’ancien parti unique. Durant le congrès qui doit les départager, Tandja use de l’argument ethnique, en affirmant que le président de la République (Ali Saïbou) étant djerma, il serait malvenu que le parti présidentiel soit dirigé par un membre de cette même ethnie. L’argument porte, Moumouni Adamou claque la porte du MNSD pour créer son parti. Cette formation n’a jamais rassemblé plus de 10 % des voix aux dernières élections. Mais ce score suffisait à Moumouni pour demeurer dans l’antichambre du pouvoir.

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