Amadou Mahtar Mbow
Président du comité national de pilotage des Assises nationales du Sénégal
Jeune Afrique : Les conclusions des Assises nationales lancées le 1er juin 2008 et la « Charte de la gouvernance démocratique » ont été rendues publiques le 24 mai. Ont-elles été officiellement remises au chef de l’État ?
Amadou Mahtar Mbow : Il n’y a pas eu de remise officielle. Nous avons créé une commission spéciale chargée de préparer leur diffusion en français, en anglais, en arabe et dans plusieurs langues nationales. Nous mettons en place un comité de suivi des Assises. Et nous planchons aussi sur le financement des activités à venir.
Pensez-vous que le gouvernement tiendra compte des Assises ?
Si le pouvoir utilise nos recommandations, il en tirera profit. Mais il faut savoir que nous n’avons pas tenu ces assises pour un pouvoir ou pour un gouvernement. Nous renvoyons tout au peuple. Nous devons renverser la vision que l’on a de la vie politique. La population doit s’approprier sa citoyenneté et l’exercer en toute connaissance de cause. Dans la charte, nous avons d’ailleurs prévu le renforcement des organes de contrôle pour que ceux qui sont tentés d’utiliser indûment les biens publics puissent être poursuivis. Si nous voulons que les choses changent, les populations doivent devenir les acteurs de ce changement. Et c’est possible.
Les Assises nationales peuvent-elles favoriser le dialogue politique ?
Elles ont permis aux responsables politiques de se rencontrer et de se parler. Ils ont travaillé avec les autres participants, notamment les représentants de la société civile et de la population. De là est venue la confiance. Nous œuvrons pour trouver ensemble des solutions aux problèmes du Sénégal. Ces assises ne sont ni celles de l’opposition ni celles du pouvoir. Elles appartiennent aux Sénégalais. D’ailleurs, les politiques qui y ont participé ont eu un comportement exemplaire. Jamais ils n’ont cherché à se les approprier.
Avant ces Assises, dans un premier temps dénoncées par le pouvoir, vous avez rencontré le président de la République. L’avez-vous revu ?
Je l’ai rencontré une première fois avant le lancement. Je lui ai dit que la situation du pays s’était détériorée et que les gens devaient chercher des solutions consensuelles aux problèmes. En septembre 2008, lorsque nous nous sommes revus, je l’ai invité à venir aux Assises et il a répondu : « Faites les assises. On verra après. » Nous verrons donc ce qui se passera.
Ces Assises nationales ont-elles inspiré d’autres Africains ?
Il y a beaucoup de gens de différents pays d’Afrique qui ont manifesté leur intérêt. Toute la méthodologie sera mise à leur disposition. Ils peuvent s’inspirer de l’exemple sénégalais, mais ils l’adapteront. Nous sommes de farouches partisans de l’intégration africaine.
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