Mounir A., industriel décomplexé

ProfilAuteur_SamyGhorbal

Publié le 23 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

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« L’argent ? Il matérialise ma réussite. Je ne l’étale pas, mais je n’en ai pas honte. » Mounir A. est un entrepreneur. Il a gardé une allure juvénile et sportive, malgré ses 60 ans bien tassés. « Il y a beaucoup de diabétiques dans la famille, je me surveille », glisse malicieusement cet ingénieur issu de la petite bourgeoisie sfaxienne, qui a fait fortune dans les filtres industriels. « J’ai senti le regard de mes amis changer quand je me suis payé ma première Mercedes. J’ai longtemps hésité avant de faire mon outing, je savais que cela allait faire des jaloux. En même temps, j’avais changé de statut, j’étais devenu le PDG, et ma vieille Renault était vraiment trop fatiguée… »

Désinhibé, il craque pour une résidence secondaire à Hammamet, dans un complexe de villas jumelées, en bord de mer. Un peu pour lui, beaucoup pour ses enfants. « Je n’aimais pas l’idée de les savoir faisant l’aller-retour Tunis-Hammamet pour rejoindre leurs copains et sortir au Calypso ou au Manhattan. Il y a des dizaines de morts chaque année sur la route. » Mais aujourd’hui ils ont grandi : son aîné et sa fille cadette ont décroché un boulot à Paris et ne passent plus que quinze jours l’été à Tunis. Mounir s’est découvert une nouvelle passion : le yachting. Il s’est payé un petit bateau de plaisance, qu’il a amarré dans le port de Sidi Bou Saïd.

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Mounir l’admet sans ambages, il s’est embourgeoisé, et fréquente les bonnes tables : La Villa Didon (l’ex-Spoon) à Carthage, La Firma à la Soukra, Le Golfe à Gammarth. Il possède un pied-à-terre à Paris, qu’il a acquis quand ses enfants faisaient leurs études. Mais l’essentiel de son patrimoine est en Tunisie. Il vient de s’acheter un terrain sur les hauteurs de Gammarth et se fait construire une splendide maison, avec piscine chauffée, sauna, spa et système d’alarme dernier cri : pas question de badiner avec la sécurité, il y a tellement de voleurs de nos jours… C’est un privilégié, mais il refuse qu’on lui colle l’étiquette de parvenu. Il a gagné son argent à la sueur de son front. Au fond, il n’a pas changé : ses amis sont restés les mêmes. « On continue à jouer aux cartes et à aller au stade. Comme il y a trente ans. »

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