Jeunesse dorée contre vieilles familles

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Publié le 23 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

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Tout sur les riches

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Selon un rapport controversé du Haut-Commissariat au plan, plus de 50 % de la population marocaine appartiendrait à la classe moyenne. Aucune étude en revanche n’a permis de quantifier les multimillionnaires en dirhams. De Marrakech à Rabat en passant par Casa, ils sont pourtant bien visibles ces nouveaux riches qui s’assument.

Enfants de magnats de l’immobilier, d’as de la finance, de pontes de la médecine privée ou de patrons de grandes entreprises publiques, la jeunesse dorée du Maroc nouveau ne connaît aucune limite. Il y a quelques mois, une foule compacte se pressait devant une boîte branchée de la corniche casablancaise pour assister au concert du célèbre DJ David Guetta. Vers 2 heures du matin, des jeunes se lancent un défi : c’est à qui achètera le plus de bouteilles de champagne pour épater la galerie. Des dizaines de magnums à 2 000 dirhams (le smic marocain est de 1 600 dirhams, soit 178 euros) défilent alors entre les tables, où les convives semblent passablement éméchés.

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Quand ils ne vivent plus chez leurs parents dans une villa d’Anfa, ces fils à papa ont acheté un appartement dans le quartier branché de Racine, où le mètre carré coûte 20 000 dirhams. Peu importe qu’ils aient réussi ou non leurs études en Europe ou aux États-Unis, papa est là pour leur trouver un emploi. Dans ce monde merveilleux de la jeunesse dorée, il arrive même que l’on s’ennuie, et l’on prend alors le premier vol pour New York ou Paris, où l’on possède un pied-à-terre. Pour rester branché, on fait son shopping dans les boutiques de luxe, on dîne aux meilleures tables et on s’équipe du dernier iPod avant même sa sortie au marché de Derb Ghallef, temple de la contrefaçon.

À l’approche du week-end, les fils à papa roulent à tombeau ouvert sur l’autoroute Casa-Marrakech, dont le seul péage coûte 173 dirhams aller-retour (trois jours de salaire pour un smicard). Quand ils sont lassés de Paris, ces jeunes privilégiés aiment à jouer à domicile, en terrain conquis, là où ils s’estiment traités comme il se doit. S’ils conduisent en état d’ivresse ou sous l’emprise de la drogue, les gendarmes se contenteront de fermer les yeux. S’ils font un esclandre dans un hall d’hôtel, le concierge tout sourires se fera un plaisir de les raccompagner jusqu’à leur chambre.

À Rabat, les grandes familles, qui évoluent dans le monde feutré de la politique et de la diplomatie, se targuent de faire preuve d’une plus grande discrétion héritée de l’époque de Hassan II. Fières de leurs origines aristocratiques, elles ont longtemps regardé de haut les nouveaux riches casablancais. Depuis quelques années, il semble pourtant que le « bling-bling » ait gagné la capitale. Sur la route des Zaers, avenue chic de Rabat, il n’est pas rare de voir des Porsche Cayenne, musique à fond, se garer sur le parking du Tapis rouge ou du Privé, deux boîtes de nuit qui portent bien leur nom. Devant le Picolo’s, la terrasse gastronomique en vogue du Souissi, se forment maintenant des embouteillages de berlines allemandes, car il n’y a pas de voiturier. Pas encore.

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