Tout sur les riches

Malgré la crise, ils sont de plus en plus nombreux sur le continent. Modes de vie, lubies, dépenses, nouveaux comportements… Voyage à l’intérieur du monde onirique des fortunes africaines.

MARWANE-BEN-YAHMED_2024

Publié le 23 juin 2009 Lecture : 3 minutes.

Issu du dossier

Tout sur les riches

Sommaire

Ah les riches ! Malgré la crise, l’espèce est loin d’être en voie d’extinction sur le continent. Enquêter sur les membres de cette tribu qui n’apprécient que très modérément les intrus, c’est un peu partir à l’aventure. Mais pour percer leurs secrets, mieux vaut troquer la tenue du baroudeur pour celle, plus adaptée, du millionnaire. Le hic, c’est que nos amis nantis n’adoptent pas tous, loin s’en faut, le même profil. Il y a les anciens et les nouveaux riches, les « bling-bling » et les « aristos », les rois de la sape et les adeptes du costume traditionnel. Il y a aussi ceux qui s’affichent, exhibent leurs atours, et ceux, plus nombreux, qui préfèrent vivre cachés… Il y a les riches « propres », qui tirent leurs revenus d’activités officielles et déclarées, et les riches de l’ombre, rois de l’informel et des trafics en tous genres. Enfin, il y a les vrais riches et les escrocs, ceux qui se font passer pour des nababs mais dont les comptes en banques n’affichent pas le bon nombre de zéros. Autant de pistes à suivre, de barrières à franchir ou de leurres à écarter pour pénétrer l’univers onirique de nos amis fortunés. Et savoir comment ils vivent, voyagent et dépensent leur argent, connaître les lieux qu’ils affectionnent, les destinations qu’ils fréquentent et les lubies, anciennes et nouvelles, qui font florès.

Dans le monde d’avant la crise, les riches avaient le vent en poupe. Le nombre de milliardaires (en dollars) a été multiplié par cinq en dix ans. La fortune des dix millions de millionnaires recensés par Merrill Lynch en 2008 a augmenté deux fois plus vite que la richesse de la planète. En Afrique ? Pas ou peu de statistiques. Patrimoines et capitaux constituent la plupart du temps des secrets aussi bien gardés que ceux des États qui les abritent. Au moins peut-on toujours s’appuyer, pour recenser les milliardaires du continent, sur le classement Forbes 2009. Sur 793 membres internationaux de ce club ultra-sélect, seulement 8 Africains. Chez nous, quand on est riche, on l’est tout de même moins qu’ailleurs… Le premier d’entre eux, le Sud-Africain Nicky Oppenheimer, n’arrive qu’en 98e position. Seuls pays à compter des milliardaires : l’Égypte (3), l’Afrique du Sud (3) et le Nigeria (2). Compte tenu du poids économique global de ces nations, le palmarès semble logique. Question à 1 million de dollars : où sont passés les francophones ?

la suite après cette publicité

Hier, les riches Africains construisaient leur fortune à l’ombre des monopoles d’État ou dans le commerce des produits « de base » (import-export de matières premières et de denrées alimentaires). Aujourd’hui, après les vagues de privatisations et l’ouverture accélérée des frontières à l’échelon mondial, tout va plus vite. Les grands commerçants sont devenus capitaines d’industrie. Agroalimentaire, télécoms, banques, énergie, médias, Internet : la liste des nouveaux secteurs porteurs s’allonge. Avec une bonne idée que l’on diffuse sur des marchés sans cesse élargis, on peut créer des fortunes immenses en quelques années. Auparavant, dans des économies fermées, il fallait parfois plusieurs générations pour y parvenir. Revers de la médaille : on peut désormais tout perdre en moins de temps qu’il n’en faut pour signer un chèque… Seul point commun entre ces deux époques : pour devenir riche – et le rester –, mieux vaut entretenir de bonnes relations avec les pouvoirs en place. Plus les vestes sont coûteuses, plus elles se retournent facilement…

Autre particularité africaine : l’abysse qui peut séparer les riches des pauvres. Aucun autre continent ne supporte une telle fracture sociale, à aussi grande échelle. À Conakry, Maputo, Dakar, Abid­jan, Douala ou Libreville, la majorité peut souffrir en silence à un jet de pierre seulement de quelques happy few qui vivent dans de luxueuses oasis, équipées de groupes électrogènes et de climatiseurs, qu’ils quittent très rarement, au volant de puissants – et cossus – 4×4. Le temps de se rendre à l’aéroport. Destination : Paris, Londres, Genève, Dubaï, Casa, Jo’burg, New York ou Marbella. Ah les riches…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

Luanda côté jet-set