Mirage électoral en Côte d’Ivoire

Ingénieur agronome, consultant en développement rural

Publié le 17 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Les Ivoiriens, qui ont été sevrés de leur droit électoral depuis bientôt dix ans, attendent avec impatience les échéances annoncées pour novembre prochain. Mais le poids de l’enjeu suscite de nombreuses questions.

En dépit d’une noria de cures administrées par les institutions de Bretton Woods, la Côte d’Ivoire n’a cessé de reculer sur le plan socio-économique, même si une minorité de privilégiés a continué d’engranger du CFA, souvent sur le dos du contribuable. Cet égoïsme n’est pas une invention de l’équipe dirigeante actuelle, contrairement à ce qu’en disent ses adversaires. Et, curieusement, l’entrée de la Côte d’Ivoire dans le club peu attrayant des pays pauvres très endettés (PPTE) semble être saluée par certains comme une prouesse. Une situation d’autant plus affligeante que le pays dispose d’un potentiel prêt à l’emploi pour pouvoir passer rapidement de la pauvreté à la prospérité. Bref, on est en face d’un cas flagrant de « refus de développement », tel que le décrit la sociologue camerounaise Axelle Kabou.

la suite après cette publicité

Dans l’ensemble, et comme dans la plupart des pays africains d’ailleurs, ceux qui vont à la politique semblent n’être animés que d’une seule idée : s’installer à leur tour à la table du festin, puis verrouiller l’appareil étatique pour en rester maîtres pour une durée indéterminée. L’élite intellectuelle aisée non politique se montre indifférente, et celle qui est dans le besoin se consacre à la recherche du « gombo ». Quant au bas peuple, dont une frange de plus en plus large ne mange plus qu’une fois par jour, il préfère mettre tout cela « en prières », selon l’expression consacrée.

L’élection présidentielle ivoirienne semble être attendue comme le remède à tous les maux. On est, je pense, dans une situation de mirage. Dans son livre « non politiquement correct », Négrologie, Stephen Smith estime que la Côte d’Ivoire ne s’est hissée au niveau d’un pays émergent à partir de 1980 que parce qu’elle comptait quelques dizaines de milliers de Français « qui la faisaient tourner ». Cette thèse, qui aurait pu fouetter l’orgueil des Ivoiriens, est passée inaperçue. Pourtant, la société civile ivoirienne regorge d’hommes et de femmes aussi intelligents que compétents et intègres, qui peuvent contribuer de façon majeure à relever un défi beaucoup plus grand qu’il n’y paraît à première vue.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires