Un fanzine made in Morocco

Gratuit, le premier magazine de BD du royaume a vu le jour à Casablanca. Un projet original et osé qui joue avec le non-politiquement correct.

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Publié le 17 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Un « omni », objet médiatique non identifié, vient de débarquer sur la planète de la presse marocaine. Le 13 avril, Bédo, magazine non-politiquement correct commençait à circuler. Il en est aujourd’hui à son troisième numéro. Distribué à 20 000 exemplaires, dans les rues de Casablanca uniquement, Bédo est un mensuel gratuit auquel vient s’ajouter un site Internet (www.bedomag.com) sur lequel on peut télécharger librement les 48 pages de la version papier.

Centré autour de la bande dessinée, le fanzine se veut le premier support papier entièrement consacré au divertissement. Du jamais vu au royaume chérifien ! « Notre magazine s’adresse à une cible délaissée au Maroc, les 15-35 ans », explique Abdou Slaoui, le directeur général et artistique à l’origine du projet. Publicitaire de formation, il expose, en 2007, son idée à son collègue dessinateur Louis Jacquin, qui est immédiatement emballé. Il leur faudra ensuite deux ans pour réunir une petite équipe et peaufiner la ligne éditoriale.

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L’objectif : donner naissance à une bande dessinée purement marocaine, dans laquelle on puisse retrouver des héros inspirés de la vie quotidienne. À travers les aventures de Jmia, « la bonne marocaine », d’un gardien de parking, ou encore d’un policier bedonnant et moustachu, les dessinateurs donnent sur un mode léger et sans tabous leur vision de la société marocaine.

Car Bédo se veut d’abord une entreprise journalistique. En plus des planches de bande dessinée, une rédaction de quatre personnes fournit des reportages sur des thèmes culturels et de société. Le ton est provocant, voire subversif. « Nos rédacteurs sont totalement libres. Nous avons lu le code de la presse, nous connaissons nos limites, mais à partir de là, on traite de tout », défend Abdou Slaoui.

Dessinateurs et journalistes usent et abusent de jeux de mots truculents et n’hésitent pas à mêler les références au sexe à un humour décalé. La langue elle-même est un parler de la rue. « Nous mélangeons le français et la darija, c’est-à-dire le dialecte marocain tel qu’il se parle dans la vie quotidienne », ajoute Slaoui. Un choix dans l’air du temps puisque tous les artistes de la nouvelle scène marocaine – appelée aussi Nayda (Movida) – se réapproprient la darija qu’ils écrivent en mélangeant l’alphabet latin avec des chiffres pour désigner les sons propres à la langue arabe. Un mouvement auquel les concepteurs de Bédo s’identifient totalement et dont ils partagent le désir de célébrer une certaine marocanité, plus libre et plus proche du quotidien de leurs compatriotes.

Le projet est d’autant plus audacieux qu’il n’existe pas de tradition de la bande dessinée au Maroc. Le dessin est peu valorisé et, pour trouver de bons illustrateurs, il faut souvent aller débaucher dans les agences de publicité. Original, Bédo a provoqué dès sa sortie un véritable buzz et ses concepteurs ont écumé les plateaux télé et les studios de radio. Les annonceurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, et les plus prestigieux, comme Coca-Cola, Nokia ou Unilever, ont cru d’emblée au projet. Si la chance les accompagne, les créateurs de Bédo espèrent le distribuer bientôt sur tout le territoire national.

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