L’« arme miraculeuse » de Sembène Ousmane
Rencontrant des jeunes qui aspiraient à devenir cinéastes en décembre 2004 dans sa ville de Dakar, lors du Festival international des films de quartier, Sembène Ousmane regrettait le manque d’appétit des Africains pour la lecture. C’est d’ailleurs ainsi que l’auteur du Docker noir et des Bouts de bois de Dieu a toujours expliqué sa conversion d’écrivain en réalisateur alors qu’il allait vers la quarantaine et s’apprêtait à tourner en pionnier du septième art en Afrique Borrom Sarret puis La Noire de… au début des années 1960.
Deux ans après sa mort le 9 juin 2007, un bel hommage est rendu à « l’aîné des anciens », comme on le surnommait, par un grand nombre de spécialistes de son œuvre – écrivains, chercheurs, critiques, journalistes d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord – dans la revue Africultures.
Au fil de ces contributions, toutes passionnées et fort variées, se dessine le portrait sans doute le plus complet à ce jour de ce combattant-créateur qui entendait parler au peuple, considérant que ses films pouvaient se substituer à une « école du soir ». Il voulait utiliser l’art comme « une arme miraculeuse » – selon la belle expression de Thierno I. Dia, qui a coordonné cette publication avec le critique et historien du cinéma africain Olivier Barlet. Une arme pour dénoncer le joug colonial, l’obscurantisme religieux ou la situation indigne de la femme africaine. En un mot, le sort réservé à tous ces « héros du quotidien » auxquels étaient dédiés ses derniers films et notamment le superbe Mooladé, qui lui valut en 2004, à 80 ans, son plus grand triomphe.
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