Mohamed Horani : « Je préfère me taire et laisser mon travail parler pour moi »

Le nouveau patron des patrons marocains veut poursuivre le travail de son prédécesseur et accélérer la modernisation des entreprises du pays. Dans la plus grande discrétion.

Publié le 17 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Un homme d’action peut-il être discret ? Telle est en tout cas l’équation que veut imposer le nouveau président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), qui entame un mandat de trois ans. À la différence de son prédécesseur, le charismatique Moulay Hafid Elalamy, Mohamed Horani n’aime guère être placé sous les feux de la rampe médiatique. Marié à 23 ans, père de trois enfants, amateur de football, membre du Rotary, il cultive le classicisme. « C’est vrai que je suis discret. Je préfère me taire et laisser mon travail parler pour moi », explique le patron des 30 000 patrons marocains, né en 1953 et issu d’une fratrie de sept garçons et trois filles. 

Issu d’un milieu très modeste

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C’est sans doute de son enfance dans un milieu très modeste – son père tenait un four collectif dans le quartier populaire de Derb Soltane à Casablanca – que Mohamed Horani tient son tempérament. À l’aube des années 1970, l’ascenseur social marocain n’est pas des plus rapides. Cela n’empêche pas le jeune Mohamed de gravir un à un les étages grâce aux sacrifices financiers de ses parents. En 1974, diplômé de l’Institut national des statistiques et d’économie appliquée de Rabat (Insea), il intègre pendant deux ans la fonction publique au ministère du Plan. Affecté au service du recensement, sa carrière coïncide avec les débuts de la révolution informatique. Installé à Rabat, l’américain IBM concurrence le français Bull pour l’informatisation de la gestion publique. Horani, lui, est débauché par la Sacotec, l’une des premières filiales informatiques de l’ONA.

Six ans après, en plein boom informatique du début des années 1980, il est recruté par Bull avant de rejoindre, quatre ans plus tard, la toute jeune Société maghrébine de monétique (S2M). Chargé de diriger le développement du premier logiciel marocain de paiement par carte de crédit, Horani comprend le formidable potentiel de ce secteur quand d’autres estiment que rien ne remplacera jamais le chèque. En 1995, avec trois collègues, il crée Hightech Payment Systems (HPS). Aujourd’hui présente dans une cinquantaine de pays, HPS est l’une des icônes du Maroc qui gagne. Et c’est donc tout naturellement que le discret mais visionnaire Horani est d’abord sollicité par ses pairs pour prendre la présidence de l’Apebi (Association des professionnels des technologies de l’information). En avril enfin, il se laisse convaincre pour se présenter à la tête de la CGEM, qu’il cueille comme une fleur le 21 mai, son seul autre concurrent, le cimentier Mohamed Chaïbi, ayant retiré sa candidature.

Mais la CGEM, ce n’est pas qu’une consécration personnelle. C’est aussi la gestion de 31 fédérations professionnelles qui ont parfois de solides divergences. Pragmatique, Mohamed Horani sait aussi qu’il y a des coups à encaisser dans l’aventure. « La mission n’est pas simple », concède-t-il. Il compte d’abord, avec son colistier Mohamed Tamer, « consolider les acquis de l’équipe sortante », notamment en termes de rayonnement international. Mais il ne va pas seulement gérer un bilan en regardant dans le rétroviseur. « Oser et innover » est le nouveau slogan de la CGEM pour, selon son président, « donner un nouveau souffle à l’entreprise marocaine ». Et, plus largement, « insérer le Maroc dans l’économie mondiale du savoir », avec une grande priorité pour Horani, l’expert en réseau : l’installation d’un système d’intelligence économique.

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