Mohamed Bendjelloul
Directeur marketing de l’entreprise publique algérienne BCR
Les entreprises du continent sont aussi victimes de la contrefaçon. Est-ce le cas de votre entreprise de coutellerie et robinetterie ?
Mohamed Bendjelloul : C’est exact. Nous nous en sommes aperçus dès 1994. Mais ce fléau a pris de l’ampleur à partir de 1998, avec l’ouverture du marché algérien et l’importation massive d’articles de robinetterie, de coutellerie et de boulonnerie. De 1994 à 2003, nos parts de marché ont reculé de 20 à 30 points, selon la branche d’activité. À cause de la contrefaçon, notre filiale Orfee, dont les couverts de marque Sicilia constituent 40 % du chiffre d’affaires, a perdu 240 millions de DA en 2008. Saniak, la filiale de robinetterie qui fait 55 % de ses ventes avec les mélangeurs Prima, a perdu 317 millions de DA.
Avez-vous tenté de juguler le phénomène ?
En 1998, BCR a initié un projet d’élaboration de normes en collaboration avec l’Institut algérien de normalisation, qui a abouti le 16 mai 2000 à l’obligation légale du respect des normes nationales de robinetterie et boulonnerie. Nous avons donc lancé en 2002, 2004 et en mars 2009 une vaste opération de formation destinée aux inspecteurs des douanes et aux officiers des brigades économiques de la Sûreté nationale. De plus, nous avons déposé et enregistré trente-trois de nos modèles et dessins auprès de l’Institut algérien de la propriété industrielle, et avons poursuivi devant les tribunaux neuf distributeurs d’articles BCR contrefaits. Du coup, depuis 2003, nous observons un léger recul de la contrefaçon de nos produits.
Comment jugez-vous les efforts déployés en Algérie pour lutter contre le phénomène ?
En ce qui nous concerne, c’est un échec. Le marché est toujours inondé de produits non conformes. La preuve : il y a quatre jours, la Brigade économique de la sûreté de Batna a saisi 1 000 fausses cuillères et fourchettes Sicilia chez des revendeurs. Nous avons demandé au ministère du Commerce d’inscrire les articles de robinetterie, coutellerie et boulonnerie dans la nomenclature des produits soumis à un contrôle obligatoire et systématique aux frontières. Et, en l’absence de structures spécialisées dans le contrôle des produits industriels, BCR a pris l’initiative de mettre à la disposition des structures compétentes du ministère du Commerce un laboratoire équipé de tous les moyens d’investigation nécessaires.
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