Aéronautique : la mécanique est lancée

Publié le 16 juin 2009 Lecture : 3 minutes.

Le début de l’année 2009 a conclu des mois de tractations et ouvert de prometteuses perspectives pour le secteur aéronautique en Tunisie. Première du genre hors de France, le projet d’implantation d’Airbus en Tunisie évoqué par Nicolas Sarkozy lors de sa visite d’État en avril 2008 a pris forme, en janvier dernier, avec la création d’une filiale tunisienne d’Aerolia, elle-même nouvelle filiale d’EADS, maison mère d’Airbus.

Avec Aerolia Tunisie, c’est en fait tout un pôle dédié à l’aéronautique qui va prendre corps d’ici à la fin de 2009, dans la zone industrielle de M’Ghira, à Ben Arous, au sud de Tunis, pour un investissement global de 60 millions d’euros, dont 30 millions sur les cinq premières années. Un protocole d’accord a été signé en ce sens le 28 janvier, suivi, dans la foulée, par le début des travaux de construction de l’usine : une unité de 10 000 m2 dédiée à la fabrication de sous-ensembles aéronautiques.

la suite après cette publicité

Sur le pôle, dix hectares ont été attribués à Aerolia Tunisie, qui devrait créer 750 emplois d’ici à cinq ans, et dix autres hectares ont été attribués à ses sous-traitants, qui devraient aussi générer 750 emplois. Le volet formation est quant à lui en cours de discussion entre Aerolia et le gouvernement tunisien, qui devrait aboutir à la création d’un centre de formation aux métiers de l’aéronautique à vocation internationale.

L’effet boule de neige

Le pôle est donc désormais sur orbite et, à moins d’un imprévu, Aerolia Tunisie livrera ses premiers sous-ensembles au premier semestre 2010, la proximité du port de Radès offrant des facilités logistiques. Surtout, l’implantation de la filiale d’Airbus a eu l’effet d’entraînement escompté, vis-à-vis de nombreux sous-traitants désireux de rester proches de leur commanditaire – Aerolia a d’ailleurs fait de cette proximité une condition sine qua non de ses collaborations. Objectif : développer une chaîne logistique regroupant toutes les activités de la filière, du câblage à la tôlerie, en passant par la fonderie, le traitement de surface, la mécanique de précision et les composants électroniques.

Du coup, les annonces d’implantation de sous-traitants d’Airbus se sont multipliées : les français Seccmas (chaudronnerie aéronautique), Serma Technologies (ingénierie électronique), Reyes Group (automatique industrielle), Mecahers (mécanique de précision) et Sogeclair (ingénierie), ainsi que les italiens Storm Aircraft et Demat (design et ingénierie) ont d’ores et déjà répondu à l’appel.

la suite après cette publicité

Deux sociétés tunisiennes ont également signé des accords de coopération en février dernier. Telnet va créer un joint-venture avec Safran dans l’ingénierie mécanique et électronique, tandis que la SSII Medsoft (groupe Laceramic) s’est alliée à Sopra Division Midi-Pyrénées, filiale du français Sopra Group. Enfin, Zodiac Aerospace Tunisie, qui possède deux usines en Tunisie (et une troisième dédiée aux airbags automobiles), construit déjà une nouvelle unité pour la production de sièges d’avion. Signe de l’envol du secteur, le Groupement des industries tunisiennes aéronautiques et spatiales (Gitas), créé en 2006 et qui ne comptait que sept membres en 2007, a enregistré une dizaine d’adhésions ces derniers mois et aura son stand au salon aéronautique du Bourget, près de Paris, du 15 au 21 juin. Une opération de promotion-séduction à l’adresse des acteurs mondiaux du secteur, qui se poursuivra du 28 au 30 septembre, cette fois à Tunis, avec la première édition d’Aerospace Meetings Tunisia.

Une dynamique de haute technicité

la suite après cette publicité

Le mouvement ne semble en tout cas pas près de décélérer, malgré les trous d’air que traverse l’aéronautique mondiale face à la crise, qui pousse les avionneurs à réduire la voilure de leurs carnets de commandes. La conjoncture inciterait même plutôt les constructeurs à privilégier les implantations en Tunisie qui, en plus d’offrir une main-d’œuvre quatre à six fois moins chère qu’en France, dispose des compétences requises à tous les niveaux et dans l’ensemble des métiers du secteur.

D’où le choix stratégique d’Airbus, engagé dans un vaste programme de restructuration et d’économies – 1 milliard d’euros d’ici à 2012. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires