Introuvable diversité
Seuls une vingtaine d’élus d’origine africaine, asiatique ou moyen-orientale siégeront au Parlement de Strasbourg. Sur 782 eurodéputés, c’est peu !
Les nouveaux eurodéputés sont loin de refléter la diversité ethnique qui prévaut dans la majorité des vingt-sept pays de l’Union, surtout les anciens États coloniaux (France, Espagne, Italie, Portugal, Royaume-Uni) et ceux qui ont accueilli de fortes vagues d’immigration comme l’Allemagne avec son importante communauté turcophone. Deux raisons, au moins, à cette anomalie :
1. La montée de l’extrême droite a incité nombre de partis à jouer la carte des candidats « blancs » ;
2. Un mandat d’eurodéputé sert souvent de lot de consolation à l’intention de tel ou tel responsable politique écarté des premiers rôles, ce qui bloque l’émergence de nouvelles têtes.
Au total, une vingtaine* de parlementaires – sur 782 – seront issus des immigrations africaine, asiatique et moyen-orientale. Très majoritairement blanc et chrétien, le Palais de l’Europe, à Strasbourg, devrait tout de même accueillir quatre « Turco-Européens » : Emine Bozkurt, une socialiste néerlandaise ; Ismaïl Ertug, qui représente la gauche allemande ; Filiz Hüsmenova et Metin Kazak, du Mouvement pour les droits et les libertés (Bulgarie).
Si l’Italie et l’Espagne n’ont élu aucun député originaire de leurs anciennes colonies, la France est passée à la vitesse supérieure. Placées devant leurs responsabilités par la politique sarkozienne de « discrimination positive », les grandes formations ont présenté de nombreux candidats issus de l’immigration. Plusieurs Français d’origine maghrébine ont ainsi été élus : Damien Abad (Nouveau Centre) ; Rachida Dati, Nora Berra et Tokia Saïfi (UMP) ; Kader Arif (PS) ; Karima Delli et Malika Benarab-Atou (Europe Écologie). Ils seront accompagnés à Strasbourg par Liêm Hoang-Ngoc, natif de Saigon (Vietnam), et par le Martiniquais Harlem Désir (PS) ; ainsi que par Maurice Ponga (UMP), de Nouvelle-Calédonie, et Élie Hoarau, le secrétaire général du PC réunionnais.
Le Royaume-Uni devrait compter quatre eurodéputés originaires de ses anciennes colonies : Sajjad H. Karim, un conservateur d’origine pakistanaise ; Niranjan Joseph « Nirj » Deva-Aditya, né au Sri Lanka ; Syed Salah Kamall, dont le grand-père était indien ; et Claude Ajit Moraes, autre Indien arrivé à Londres à l’âge de 6 ans. Le Portugal enverra à Strasbourg Mário David, un social-démocrate (PSD) né en Angola, et la Belgique, qui compte pourtant nombre d’immigrés naturalisés dans ses instances régionales et locales, le seul Saïd El Khadraoui, du SP-A, un Flamand d’origine marocaine.
* A l’heure où nous mettions sous presse, les partis n’avaient pas tous envoyé leurs listes au Parlement.
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